Une semaine après le communiqué du «Haut Conseil de Sécurité» algérien visant à «revoir ses relations» avec le Maroc, Alger vient d'annoncer la rupture officielle et totale des relations avec le royaume. Le général Said Chengriha a fini par imposer sa vision sur les rapports avec le Maroc. L'Algérie rompt officiellement ses relations diplomatiques avec son voisin de l'Ouest. Une annonce faite, cet après-midi, dans une longue déclaration lue par le ministre des Affaires étrangères. Une mesure qui prend effet à partir de ce mardi 24 août, a précisé Ramtane Lamamra. Pour mémoire, Alger avait déjà rappelé pour consultations son ambassadeur à Rabat, en réaction à l'appui du Maroc au droit de l'autodétermination de la Kabylie. Le chef de la diplomatie a justifié la rupture par une «longue série d'actes hostiles» du royaume à l'encontre de son pays, remontant, selon ses dires, à la «Guerre des sables» de 1963. Lamamra a également rappelé que la rupture est conforme à la décision prise par le Haut Conseil de Sécurité, lors de sa réunion du 18 août consacrée à l'examen des feux de forêts que le pays a connu, visant à «revoir ses relations avec le Maroc». MAK, Rachad, Israël et Sahara occidental pour justifier la rupture Dans son long réquisitoire contre le Maroc, le ministre a pointé du doigt l' «appui» présumé de Rabat au Mouvement d'autodétermination de la Kabylie et au Mouvement Rachad (islamiste, proche du Qatar et de la Turquie). Lamamra a avancé, sans apporter de preuves, que le Maroc aurait mis au profit de ces deux organisations des camps d'entrainements sur son territoire. Le dimanche 22 août, un média en ligne a en effet prétendu que le Maroc a ouvert des bases d'entrainement au Sahara, à Laayoune et Smara, pour les membres des deux entités politiques avec l'objectif de mener ensuite des opérations de sabotages et d'actes terroristes en Algérie. Pour rappel, depuis avril, Alger a classé le MAK et le Rachad sur sa liste des «organisations terroristes» en réaction à leur fort activisme dans la reprise des marches du Hirak au début de cette année. La question du Sahara occidental n'a pas échappé au réquisitoire de Lamamra. Le ministre des Affaires étrangères est monté au créneau pour condamner le refus par le Maroc d'organiser «un referendum d'autodétermination du peuple sahraoui». Et il en est de même pour l'établissement des relations avec Israël. Le chef de la diplomatie a de nouveau accusé son homologue marocain, Nasser Bourita, d'être «l'instigateur» des propos du ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, le 13 août à Casablanca, condamnant la proximité entre l'Algérie et l'Iran. Lamamra a tenu, par ailleurs, à préciser, en réponse à une question d'un journaliste sur le contrat du gazoduc Maghreb-Europe qui expire le 31 octobre prochain, que la rupture des relations avec le Maroc rend nulle et non-avenue toute négociation à ce propos. Un message destiné beaucoup plus à l'Espagne qu'au royaume.