Presque huit mois après les législatives du 25 novembre, la cour constitutionnelle vient de donner raison à deux recours présentés par deux candidats à Tanger et Marrakech. Deux circonscriptions où le PJD a glané six sièges. Des élections partielles en perspective à Tanger-Asilah et Marrakech-Ménara. Un rendez-vous avec les urnes nécessaire après la décision, dans l'après-midi du jeudi, de la Cour constitutionnelle d'invalider le scrutin du 25 novembre dernier dans ces deux circonscriptions où le PJD du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a respectivement récolté quatre et deux sièges. Dans la capitale du Détroit, la Cour constitutionnelle a donné raison à un recours présenté par un candidat du PAM (opposition) dans lequel il accuse la liste conduite par Mohamed Najib Boulif, l'actuelle ministre des Affaires générale et de la gouvernance, d'user de symbole religieux dans une campagne électorale. En effet, en arrière-plan de l'affiche des cinq candidats du PJD on distingue la présence d'une mosquée. Chose qui est interdite par la loi. En revanche à Marrakech-Ménara, c'est un candidat du RNI (également de l'opposition) qui voit son recours bénéficier de la bénédiction des magistrats de la Cour constitutionnelle pour de présumés «irrégularités» relevées dans le périmètre rural de cette circonscription. Un véritable test pour le PJD Dans l'ensemble, cette décision ne va en rien chambouler l'actuelle carte politique. Abstraction faite des résultats des prochaines élections partielles, le PJD restera la première force politique au parlement. Mieux encore, Marrakech et Tanger sont, en effet, connus pour être des fiefs électoraux des islamistes. Sur ce point, ils n'auront rien à craindre. Seule demeure inconnu la réponse à la question suivante : réussiront-il à rééditer les scores des législatives du 25 novembre qu'ils ont eu dans les deux circonscriptions ? C'est l'enjeu majeur de scrutin. Le prochain scrutin servira de test pour jauger la popularité du PJD, notamment après six mois passés au gouvernement. Une période marquée par la hausse, du 1er juin, des prix des carburants. Une mesure que les ministres de la Lampe ne cessent de présenter comme «nécessaire» pour «défendre le pouvoir d'achat des pauvres». Seront-ils entendus par les électeurs de Tanger-Asilah et Marrakech-Ménara ? Des politiques siègent à la Cour constitutionnelle Comme le souligne l'article 132 de la loi fondamentale, cette cour «statue sur la régularité de l'élection des membres du Parlement et des opérations de référendum». Elle est composée «de douze membres nommés pour un mandat de neuf ans non renouvelable. Six membres sont désignés par le Roi, dont un membre proposé par le Secrétaire général du Conseil Supérieur des Oulémas, et six membres sont élus, moitié par la Chambre des Représentants, moitié par la Chambre des Conseillers parmi les candidats présentés par le Bureau de chaque Chambre, à l'issue d'un vote à bulletin secret et à la majorité des deux tiers des membres composant chaque Chambre» (article 130). D'anciens membres de partis politiques siègent actuellement à la Cour constitutionnelle. Il s'agit notamment de Mohamed Seddiki de l'USFP, Mohamed Atarkine du PAM, Chiba Maâ El Ainin de l'Istiqlal et de Rachid Medouar du PJD. Comme pour les «sages» de la HACA (Haute autorité de la communication et de l'audiovisuel), les magistrats du CC sont tenus de mettre en sourdine leurs appartenances le temps de leur mandat au CC. Après Cette décision de la Cour constitutionnelles, le ministère de l'Intérieur est appelé à fixer dans les prochains jours la date de la tenue des élections partielles à Tanger-Asilah et Marrakech-Menara.