Dans son discours du trône, le roi Mohammed VI a affirmé que l'état actuel des relations entre le Maroc et l'Algérie ne sert en rien les intérêts respectifs des deux pays. «Il est même jugé inacceptable par bon nombre de pays». Aussi, il a lancé un appel au président algérien pour œuvrer ensemble à dépasser les tensions. L'ambition qui anime le roi Mohammed VI de reprendre le fil du dialogue avec l'Algérie a volé la vedette aux autres thèmes abordés dans le discours du trône diffusé samedi 31 juillet. Certes, cette main tendue a déjà tendu par le passé par le souverain marocain au pouvoir algérien afin de tourner la page des différends, mais il a tenu cette fois à consacrer plus de temps à son appel et répondre sur un ton apaisé à la campagne de propagande, lancée depuis plus d'un an par le voisin de l'Est, accusant ouvertement le Maroc de menacer la stabilité de l'Algérie. Des accusations portées essentiellement par de hauts responsables, dont le chef des armées, Said Chengriha, des ministres régaliens ainsi que par des chefs de partis proches du pouvoir. A toutes ces voix qui alimentent la haine et la méfiance vis à vis du Maroc, Mohammed VI leur a assuré que «vous n'aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n'est nullement un danger ou une menace pour vous. En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable». «Aussi, Nous considérons que la sécurité et la stabilité de l'Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc.» Le roi Mohammed VI Un appel direct au président Tebboune Le roi a par ailleurs exhorté les Algériens «à faire prévaloir la sagesse et les intérêts supérieurs de nos deux pays. Nous pourrons ainsi dépasser cette situation déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays, au grand dam de nos deux peuples et des liens d'affection et de fraternité qui les unissent». Le souverain a invité le président Abdelmadjid Tebboune «à œuvrer à l'unisson au développement des rapports fraternels tissés par Nos deux peuples durant des années de lutte commune». Dans son discours, le souverain a une nouvelle fois plaidé pour la réouverture des frontières fermées depuis 1994. «Leur fermeture heurte un droit naturel et un principe juridique authentique, consacré par les instruments internationaux, notamment le Traité de Marrakech, texte fondateur de l'Union du Maghreb Arabe qui prévoit la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux entre les pays constitutifs de l'espace maghrébin», a-t-il expliqué. Mohammed VI a assuré que l'état actuel des frontières «nourrit plutôt une fermeture d'esprit, amplifiée par l'influence néfaste des contrevérités relayées par certains médias, telle, celle selon laquelle la pauvreté serait le lot des Marocains dont les moyens de subsistance se résumeraient à la contrebande et au narcotrafic». Là aussi, il répond indirectement, et sur un ton très diplomate, à la campagne de communication en Algérie visant le royaume et son économie. «Chacun peut vérifier l'inexactitude de ces allégations : la communauté algérienne qui réside dans notre pays, les Algériens d'Europe et les Algériens d'Algérie qui se rendent au Maroc savent ce qu'il en est et ne se laissent pas abuser par ces contrevérités», a-t-il affirmé. Le souverain a constaté que l'état actuel des relations entre les deux voisins «ne sert en rien les intérêts respectifs de Nos deux peuples. Il est même jugé inacceptable par bon nombre de pays». La balle est désormais dans le camp du pouvoir algérien. Le président Tebboune est appelé à apporter une réponse à la nouvelle main tendue du roi Mohammed VI et ne pas répéter ce qui a déjà était dit du côté d'Alger dans pareilles circonstances.