Les mineurs marocains restés à Ceuta vivent dans des conditions difficiles, notamment après qu'un grand nombre d'entre eux ont décidé de quitter les refuges, craignant d'être expulsés après avoir pris connaissance d'un prochain rapatriement par le Maroc. Au lendemain de l'annonce de la décision royale donnée aux ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères pour résoudre le dossier des mineurs marocains non accompagnés à l'étranger, plusieurs d'entre eux ont quitté les refuges à Ceuta, où ils étaient hébergés jusque-là, de peur d'être rapatriés. Dans une déclaration à Yabiladi, Sabah Ahmed Mohamed, marraine des migrants et des Marocains bloqués à Ceuta, confirme ce constat. «Au début, il y en avait environ 1 300 dans les foyers pour mineurs. Mais après avoir pris connaissance des instructions royales, un groupe d'entre eux a fugué. Ils ne sont plus que d'environ 700 personnes», déplore-t-elle. «Les autres traînent dans la rue, et certains d'entre eux s'adonnent à la drogue et dorment dans la rue», décrit-elle. La Maroco-espagnole a ajouté que la plupart de ces jeunes «ont trouvé refuge à l'intérieur de l'ancienne prison désaffectée, où garçons et filles se mélangent. Certaines sortent dans la rue pour se prostituer, ce qui est très triste», déplore encore la mécène. Sabah Ahmed Mohamed a précisé que les scènes de mineurs marocains mendiant dans les rues et devant les restaurants sont devenues monnaie courante, ajoutant que «les agents de sécurité interviennent pour les arrêter et les emmener dans les abris d'où ils s'échappent à nouveau». Elle confirme essayer toujours de donner un coup de main. «Je leur donne un repas chaque jour, en plus de leur permettre de se laver.» «Les mineurs qui me demandent de les emmener dans les refuges, je les y emmène, mais ils ne restent que quelques jours et s'enfuient. Récemment, la police a commencé à me demander de les appeler pour s'occuper de leur transfert.» Sabah Ahmed Mohamed Drogues, suicide,… une situation de plus en plus inquiétante Elle a précisé que les comportements de certains mineurs, notamment ceux liés au vol et à l'occupation de lieux publics, ont poussé les riverains à se plaindre. «La drogue sévit dans leurs rangs, certains d'entre eux se cachent encore dans les forêts, et attendent l'opportunité de passer sur l'autre rive», décrit encore la Maroco-espagnole, qui assure que même si leurs conditions sont «très mauvaises» à Ceuta, ces mineurs refusent toujours de partir ou de réintégrer les centres d'accueil. «Récemment, un mineur de 8 ans est venu chez moi pour se laver, et nous avons remarqué qu'il n'était pas dans son état normal. Nous avons découvert qu'il était sous l'influence de la drogue. Par peur qu'il soit exposé au danger, nous avons contacté les agents de sécurité afin de l'aider et l'emmener au centre.» Sabah Ahmed Mohamed Avant cela, la Maroco-espagnole raconte qu'«une fille a tenté de se suicider en se coupant les veines». «Certains résidents sont intervenus pour la sauver. Ils m'ont dit qu'elle l'avait fait parce qu'elle refusait d'accompagner les policiers au refuge», rapporte-t-elle, en réitérant ses appels en direction des parents au Maroc. «Ils doivent savoir que leurs enfants ne sont pas dans une bonne situation, et doivent exiger leur retour pour leur propre bien», conclut-elle.