Depuis l'annonce la semaine dernière de l'augmentation des prix de l'essence et du gasoil au Maroc (cf notre article), l'Algérie s'est retrouvée dans une bien mauvaise posture. Elle craint, avec cette hausse que la contrebande s'intensifie au niveau de sa frontière avec le Maroc. La hausse des carburants au Maroc n'inquiètent pas seulement les citoyens, les syndicats et les professionnels marocains, mais également les autorités algériennes. Elles craignent de voir se développer encore plus la contrebande des carburants au niveau de sa frontière avec le Maroc, où des jeunes algériens acheminent quotidiennement du carburant vers le royaume, rapporte Libération dans son édition d'aujourd'hui 7 juin. Une contrebande qui coûte cher à l'économie algérienne, jusqu'à 400 millions de dirhams par mois, précise le journal. Chômage et éloignement La région marocaine qui va le plus profiter de cette contrebande est l'Oriental. Dans un rapport émanant de la chambre de Commerce, d'industries et de Service d'Oujda, datant de 2004, le document explique que la contrebande des carburants dans la région de l'Oriental est causée par 3 raisons essentiellement : l'importance du taux de chômage dans la population active, l'immense écart entre les prix des produits étrangers et les produits nationaux similaires, mais également à cause de l'éloignement de la Région Orientale par rapport aux marchés nationaux en particulier de Casablanca. Ce qui entraîne la hausse des coûts de transport qui se répercutent sur les prix des marchandises. Une organisation de fourmi Du côté algérien, les réseaux de contrebande sont parfaitement organisés et chaque personne y prenant part à un rôle précis et déterminé. Cela va «de l'achat des carburants dans les stations-service par les «hallabas» (c'est-à-dire ceux qui traient les pompes), aux «haddayas» (les guetteurs) en passant par les «chauves-souris» (les contrebandiers) et les conducteurs des «mouquatilate» (voitures béliers qui foncent vers les barrages des brigades mobiles et ne craignent pas les tirs de ces dernières).», précise le quotidien marocain. Et ce trafic illicite rapporte à ces jeunes Algériens. Cela peut aller de 300 à 345 dirhams par personne et par jour. Un commerce tellement juteux que certains jeunes algériens passent le permis poids lourd pour participer à cette contrebande et transporter dans leur véhicule d'importantes quantités de carburant. Depuis l'annonce de la hausse des prix de l'essence et du gasoil au Maroc, en fin de semaine dernière, la contrebande de carburant se serait même instantanément accrue. D'après l'agence de presse algérienne APS, les douaniers algériens ont saisi à ce moment là, 1500 litres de carburant destinés à la contrebande lors de deux opérations différentes au niveau de la zone frontalière de Tindouf. Les conducteurs des 2 véhicules qui transportaient cette quantité de carburant se sont fait arrêtés pour trafic illégal de carburant et ont écopé respectivement d'une amende de 230.000 dirhams et de 115.000 dirhams. En 2011, d'après les chiffres des autorités algériennes, un million de litres de carburant ont été saisis à la frontière algéro-marocaine. Avec la hausse des prix des carburants au Maroc, cette quantité pourrait bien s'accroître encore plus.