La caisse de compensation ne profite pas aux pauvres. 95%,1 des aides aux sucres, 96,1% à la farine et 94,8% aux produits pétroliers bénéficient aux opérateurs industriels dans les trois filières. La Caisse de compensation est depuis un certain temps est à la une de l'actualité. Les hausses des prix des carburants du 1er juin ont nettement contribué à la maintenir en pôle position. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, crie haut et fort, sa volonté de réformer cette caisse. Comme ses prédécesseurs à la primature, il promet d'opérer un changement radical dans le système des subventions afin qu'il profite réellement aux pauvres. En attendant la concrétisation de ces promesses, ce système bénéficie principalement à trois filières : celles de la farine de blé tendre, du sucre et des produits pétroliers. En 2011, le montant global des subventions a atteint 51,8 milliards de dh en 2011, l'équivalent de 2 points du PIB au cours de la même année. La filière du sucre Au Maroc l'industrie du sucre est sous un monopole de fait de la part de COSUMAR (Compagnie sucrière marocaine). En 2005, cette filiale de la SNI/ONA, assoit son emprise sur le marché en achetant quatre sucrières concurrentes. «En 2011, le montant des subventions de la caisse de compensation a atteint 1,23 milliard de dh», souligne une étude du Conseil de la concurrence. Seul 4,9% de ces aides bénéficient aux couches défavorisées, le reste, 95,1%, profite, dans sa grande majorité au seul opérateur industriel du sucre et quelques compagnies des boissons gazeuses (principalement Coca Cola qui détient presque 95% des parts du marché) et aux biscuitiers et confiseurs marocains. En 2009, le gouvernement Abbas El Fassi a finalement cédé aux pressions de ces deux industries en leur accordant 70 millions de dh par an d'aides de la caisse de compensation. La filière pétrolière L'étude du conseil de la concurrence révèle que 83,6% (31 milliards de dh) des aides de la caisse de compensation sont destinées aux produits pétroliers : essence, gasoil, fuel et le gaz butane. La hausse des prix du pétrole sur le marché mondial a nettement contribué à cette aggravation des subventions. Comme pour le sucre, cette filière est exclusivement sous le monopole de la SAMIR (depuis 1990, cette compagnie, autrefois publique, est détenue par la firme saoudienne Corral). Quant au secteur de la distribution, il est ouvert à la concurrence, 13 sociétés pour le pétrole et 14 pour le gaz. Selon la même étude du conseil de la concurrence, ces aides ne profitent nullement aux pauvres, précisant que 98,1% des non pauvres bénéficient des aides allouées à l'essence, gasoil et fuel. Un pourcentage revu à la baisse dans le cas du gaz butane avec 94,8%. Concernant, la récente hausse des prix des carburants, le chef du gouvernement a soutenu, hier devant les deux chaines officielles, qu'elle va économiser à l'Etat plus de 5 milliards de dh. C'est exactement le montant que dédie annuellement la caisse de compensation aux achats de l'ONE (Office national de l'électricité) en fuel industriel. La filière de la farine Là aussi point de dérogation. Les subventions de la caisse de compensations ne bénéficient pas aux couches défavorisées. 96,1% des aides de l'Etat contribuent à l'amélioration des chiffres d'affaires des opérateurs dans ce secteur. Il s'avère que le pauvre ne reçoit, annuellement, que 45,7 dh d'aides pour ses achats de la farine contre 112,4 aux non-pauvres. Durant les trois dernières années, le volume de ces aides a atteint environ 3,5 milliards de dh. Un chiffre bien en deçà par rapport à ceux alloués aux deux autres filières. Piste de réforme de la caisse Il y a unanimité sur la réforme de la caisse de compensation. Reste à savoir, si l'équipe Benkirane en aura le courage pour mettre en exécution ses promesses ? En attendant de voir plus clair dans les prochaines semaines. Le conseil de concurrence, sur ce sujet, a montré qu'il a une longueur d'avance sur le gouvernement. La généralisation du RAMED du ministère de la Santé concerne plus de huit millions de Marocains pauvres. Partant de ce chiffre, le Conseil de la concurrence propose une libéralisation totale des prix accompagnée d'une redistribution des aides directement à cette catégorie de la population via des allocations mensuelles entre 500 et 600 dh par personne et par mois. Une somme bien inférieure au 51 milliards de dh injectée, en 2011, dans la caisse de compensation.