Après l'échec de la réunion Biden-Sanchez, le gouvernement espagnol n'a pas réussi à engager l'Union européenne dans une condamnation de l'exode de milliers de Marocains vers Ceuta. Une fois de plus, les prévisions de la presse espagnole concernant le Maroc ont fait choux blanc. Cette semaine, les médias ibériques ont annoncé à l'unisson une sérieuse mise en garde des Européens au Royaume pour avoir politisé la carte de l'immigration dans sa crise avec l'Espagne. Finalement, le sommet de l'UE, tenu les 24 et 25 juin à Bruxelles, s'est conclu sans une condamnation directe de Rabat. Une petite victoire pour le Royaume même si «le Conseil européen condamne et rejette toute tentative de pays tiers d'instrumentaliser les migrants à des fins politiques», lit-on dans les conclusions de la réunion. Le Maroc peut s'estimer satisfait de la teneur de cette résolution, et pour cause, elle ne le vise pas directement. La Biélorussie est aussi accusée d'instrumentaliser l'immigration en laissant passer des migrants vers la Lituanie et la Pologne. Son président Alexander Loukachenko a ainsi riposté aux sanctions prises à l'encontre de son régime par les Européens. La Turquie d'Erdogan joue avec aisance et succès la même carte migratoire dans ses relations avec l'UE. Pour l'heure, les Vingt-sept ont décidé d'accorder à Ankara une aide de 3 milliards euros pour continuer à jouer le rôle de gendarme, et freiner l'assaut des réfugiés syriens aux frontières orientales de l'UE. Un échec de la campagne du gouvernement Sanchez ? Le Royaume est également concerné par cette «générosité» des Européens. En effet, le sommet a enjoint à la «Commission et au Haut représentant (l'Espagnol Josep Borrel, ndlr), en étroite coopération avec les Etats membres, de présenter des plans d'action pour les pays d'origine et de transit prioritaires à l'automne 2021, en indiquant des objectifs clairs, des mesures de soutien supplémentaires et des échéances concrètes». L'absence de condamnation directe du Maroc sonne comme un échec de la campagne menée par l'exécutif espagnol, depuis plusieurs semaines. Pour rappel, Pedro Sanchez avait fait pression, dès le sommet extraordinaire de l'UE du 24 mai à Bruxelles, pour arracher une dénonciation du Royaume par les Vingt-sept. Sa tentative s'est avérée vaine, les chefs d'Etats avaient alors décidé de repousser l'examen de l'exode de milliers de Marocains à Ceuta à la réunion des 24 et 25 juin. Hier soir, comme pour mieux préparer l'opinion publique aux conclusions de ce vendredi, des «sources gouvernementales» espagnoles ont confié à EFE que le débat sur la migration n'a pas été introduit à la demande de Pedro Sanchez, mais plutôt à l'initiative du président lituanien, Gitanas Nauseda. Celui-ci a sollicité une aide de Frontex en vue d'«améliorer le contrôle des frontières» entre son pays et la Biélorussie. Cette absence de condamnation des chefs d'Etats de l'UE du Maroc est du pain béni pour l'opposition espagnole. Mercredi 23 juin à la Chambre des représentants, les députés du Parti populaire (PP) et de Vox ont tiré à boulets à rouges sur la politique étrangère du gouvernement de coalition de gauche. Article modifié le 2021/06/26 à 10h58