Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) française a voté, jeudi 6 mai en assemblée plénière, une déclaration appelant à une lutte contre le racisme plus efficace. Intitulé «La lutte contre le racisme et les inégalités mérite mieux que des polémiques», le texte a bénéficié de 24 voix pour, 1 voix contre et 4 abstentions. Dans sa «lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, les LGBTI-phobies et les handiphobies», l'institution rappelle qu'elle «s'appuie sur l'expérience des syndicats, des associations, des personnes qu'elle auditionne et des membres qui la composent». «Face à un climat délétère caractérisé par les polémiques et la mise en cause du travail d'institutions indépendantes et de chercheurs, la CNCDH entend rappeler les principes qu'elle défend», note la déclaration. Dans cette dernière, la commission a exprimé ses inquiétudes «en particulier d'un renversement de perspective qui conduit certains à s'attaquer non aux problèmes eux-mêmes – les inégalités et atteintes aux droits qui subsistent dans notre société – mais aux concepts utilisés pour les formuler, comme l'islamophobie ou l'intersectionnalité, et à celles et ceux qui les emploient». La CNCDH rappelle ainsi que «la poursuite d'un idéal universel où les droits de tous et toutes seraient respectés et protégés passe, d'abord, par la mise en lumière des situations d'inégalité et de discrimination pour mieux les corriger». Plusieurs semaines après la polémique sur «l'islamogauchisme» dans les universités, la Commission note que «le travail essentiel mené, en toute indépendance, par les chercheurs en sciences humaines et sociales, en France et dans le monde, objective les mécanismes créateurs d'inégalités et de discriminations, il aboutit à la création de nouveaux outils d'analyse, dont les institutions, la société civile et les citoyens peuvent librement s'emparer». Dans ce contexte, la CNCDH estime que «les stigmatisations formulées (...) à l'encontre de recherches déployées dans les universités, sont (...) préoccupantes, et constituent des atteintes aux libertés académiques ainsi qu'une relativisation dangereuse d'approches scientifiques». Ces polémiques «compromettent la sérénité de la recherche, sa nécessaire liberté et la capacité des sciences humaines et sociales à penser, élaborer et débattre d'idées, d'outils, d'enquêtes et d'expérimentations permettant de penser les termes toujours à renouveler sur les phénomènes racistes en société», ajoute la déclaration. Pour l'institution, «rendre accessibles tous les éléments du débat, restituer l'état de la recherche en matière de discrimination et en faire un outil d'émancipation est une des missions centrales de la CNCDH».