Le premier ambassadeur du Maroc indépendant en France fut Abderrahim Bouabid. Aujourd'hui, 56 ans après cet événement, des socialistes caressent le rêve de succéder au fondateur de l'USFP à la tête de la chancellerie du royaume à Paris. L'arrivée des socialistes français au pouvoir est fortement saluée par les militants du partie de la Rose au Maroc. Certaines têtes d'affiche de l'USFP y voient même une occasion pour se convertir à la diplomatie après un passage à vide ou encore terminer une riche carrière politique avec le titre d'ambassadeur à Paris. Un poste vacant qui séduit Voilà des mois que le poste est vacant. Exactement, depuis que Mostapha Sahel a été promu, le 5 octobre 2011, conseiller du roi. Une nomination qui avait ouvert la voie à toutes les spéculations sur les noms pressentis pour succéder à l'ancien ministre de l'Intérieur (2002-2006) mais sans qu'aucun membre de l'USFP ne soit cité. A l'époque, c'est l'ancien ministre délégué de l'Intérieur, Mohamed Hassar, qui avait les faveurs des pronostics et dans une moindre mesure l'ancien ministre des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, actuellement conseiller du roi. La vague de nomination de nouveaux ambassadeurs, du 6 décembre 2011, a par miracle, épargné la chancellerie marocaine à Paris, de quoi booster les chances de Hassar pour succéder à Sahel. Le poste séduit à plus d'un titre. il est réputé être confié aux hommes jouissant de la confiance du palais. El Yazghi et Oualalou possibles candidats Les socialistes marocains entendent bien profiter de la nouvelle conjoncture politique en France marquée par le retour aux commandes du PS pour mettre un des leurs à la tête de l'ambassade du Maroc à Paris. Deux candidats de l'USFP se disputeraient le titre : Mohamed El Yazghi, né en 1935 à Fès, et Fathallah Oualalou, né en 1942 à Rabat. Le premier, après des années passées à l'opposition parfois même dure, scellait en 1998 sa réconciliation avec le régime, occupant le très convoité poste de ministre de l'Urbanisme, un domaine réservé jusque là au département de l'Intérieur. Un poste qu'il a gardé pendant neuf ans avant d'accepter un autre de moindre calibre: ministre d'Etat sans portefeuille sous le cabinet d'Abbas El Fassi (2007-2011). L'arrivée des islamistes au gouvernement a contraint El Yazghi à quitter la gestion des affaires publiques mais pas la scène médiatique. Une présence qu'il cultive avec une attention toute particulière, calculant ses sorties et les sujets objets de ses critiques. Pour mémoire, il est le premier a avoir accusé Abdelilah Benkirane d'avoir fait des concessions au roi Mohammed VI sur la loi des nominations des patrons des entreprises publiques. Ce n'est que par la suite que les députés de l'USFP ont repris à leur compte cette accusation. Quant à Fathallah Oualalou, il a plus de chance d'occuper ce poste qu'El Yazghi. Sa relation avec le palais est bonne. C'est justement la qualité de cette relation qui lui avait défriché le terrain, au lendemain des élections communales du 12 juin 2009, pour accéder au fauteuil de maire de Rabat, en dépit des mauvais résultats de l'USFP lors de ce scrutin. Récemment, Tarik El Kabbaj, le puissant maire d'Agadir et député de l'USFP, a estimé que «l'ambassade marocaine à Paris devrait revenir à un vrai socialiste». Des propos qui militent pour une candidature de Oualalou, sachant qu'entre El Kabbaj et El Yazghi, les relations sont plutôt froides, depuis que le second avait évincé le premier à la course à la députation lors des législatives de 2007. Abdelkrim Banatiq en outsider Outre les deux ténors de l'USFP, que sont Mohamed El Yazghi et Fathallah Oualalou, un troisième candidat serait également de la course. Il s'agit de Abdelkrim Benatiq, ancien de l'USFP et aujourd'hui secrétaire général du parti travailliste. Une petite formation de gauche qui navigue à vue, et ce, depuis sa création en 2005. Ses multiples tentatives de nouer des alliances avec les grands partis ont subi des échecs cuisants, la dernier en date est sa participation à la veille des législatives du 25 novembre 2011 au G8, un structure réunissant huit formations mais qui, depuis, a complètement disparu des radars de l'actualité. La carrière politique de cet ancien ministre sous le gouvernement Abderrahman El Youssoufi, est, également, parsemée d'échecs. A deux reprises, 2007 et 2011 et dans deux circonscriptions différentes, il n'a pu réussir le passage à la Chambre des représentants. En dépit de ces revers politiques, l'homme a des atouts. Il a pu conserver de bonnes relations avec l'entourage du roi, ce qui pourrait expliquer son déplacement à Paris pour plaider son dossier. Ce serait alors pour lui une belle revanche pour cet ancien protégé de Noubir Amaoui, le patron inamovible de la CDT (syndicat démocratique du travail).