Après la Chambre des Communes, les lords partisans du Polisario se sont mobilisés pour réclamer le retrait du Sahara occidental de l'accord d'association entre le Royaume-Uni et le Maroc. Une revendication rejetée par le gouvernement et certains lords pragmatiques du Parti conservateur. L'accord d'association entre le Maroc et le Royaume-Uni, conclu en octobre 2019, anime les débats à la Chambre des lords. L'intégration du Sahara occidental dans le deal commercial entre les deux parties a donné lieu à une passe d'armes entre parlementaires du Parti conservateur (majorité) et des Travaillistes (opposition), soutenus par les Libéraux-démocrates, sous le regard attentif du gouvernement britannique. La première offensive est venue du lord Stevenson of Balamacara du Parti Travailliste, qui a souligné que la Cour de Justice de l'Union Européenne «a statué à deux reprises, en 2016 et 2018, que le Sahara occidental est un territoire "séparé et distinct" du Maroc au regard du droit international, et qu'aucun accord avec le Maroc ne peut être appliqué à ce territoire sans le consentement du peuple sahraoui». Reprenant à son compte les arguments déjà soulevés par le Polisario, il a rappelé qu' «une coalition de 93 groupes de la société civile sahraouie a également déclaré que le peuple du Sahara occidental rejetait l'inclusion de son territoire dans tout accord conclu par le Maroc». Il se réfère ainsi à la lettre adressée, en novembre 2018, par des ONG au Parlement européen réclamant le vote contre l'accord de pêche entre Rabat et Bruxelles. Un autre lord, John Shipley du Parti Libéral-Démocrate, s'est fait également l'avocat du Polisario. «Les autorités marocaines empêchent systématiquement les rassemblements dans la province en faveur de l'autodétermination sahraouie, font obstacle au travail de certaines ONG locales de défense des droits humains, notamment en bloquant leur enregistrement légal». 2,4 milliards de livres sterling par an, réplique le gouvernement Les lords pro-Maroc ont riposté, avec Chris Patten du Parti Conservateur qui a pris la parole pour inviter ses pairs à emprunter la voie du pragmatisme. «Ce n'est pas seulement cette Assemblée qui souhaite avoir une association commerciale avec le Maroc ; l'UE - nos voisins et amis - a également reconnu la réalité sur le terrain dans ses récents accords avec le Maroc», a-t-il souligné. Sans entrer dans des considérations politiques stériles, le parlementaire a mis l'accent dans son intervention sur «environ 3 milliards de livres par an d'échange commerciaux» entre le Maroc et le Royaume-Uni. Patten a également revendiqué la marocanité de Ceuta et Melilla. De son côté le ministre d'Etat à l'Asie du sud et au Commonwealth, lord Tariq Mahmoud Ahmed, a tenu à préciser que la position de Londres sur le différend régional n'a pas changé, considérant toujours «le statut du territoire encore indéterminé (…) Nous encourageons vivement la coopération en vue de parvenir à une solution mutuellement acceptable», a-t-il indiqué. Et de poursuivre sa défense avec des arguments financiers, notant que «le nouvel accord couvre 2,4 milliards de livres sterling d'échanges de biens et de services entre le Royaume-Uni et le Maroc et profite aux principaux secteurs britanniques tels que les industries automobile et aérospatiale». Le ministre a conclu sa longue réponse en annonçant que son gouvernement est en négociation avec l'Algérie pour la signature d'un accord d'association.