L'associatif Jean Bilquez a été décoré Chevalier de l'Ordre national du Mérite, sur proposition du Premier ministre français. Cette distinction récompense plus de 60 ans de travail bénévole, à travers lequel le militant a notamment sorti les tombes d'anciens combattants marocains de l'anonymat. En 2019, l'associatif Jean Bilquez a réussi à mettre des noms sur la tombe de douze soldats marocains, inhumés anonymement sous la mention «Tirailleurs X» dans le village de Villars-lès-Blamont (Doubs). Il s'agit de l'aboutissement d'un travail qui a duré plus de dix ans et qui n'est qu'une partie infime des longues années que cet octogénaire a consacrées au bénévolat. Depuis janvier 2021, ce président de l'association Le Souvenir français au Plateau du Lomont et la Vallée du Gland est désormais Chevalier de l'Ordre national du Mérite, sur proposition du Premier ministre français, en reconnaissance à ses soixante ans de bénévolat. «Une cérémonie est prévue, mais la date n'est pas encore définie, vu le contexte sanitaire», a confirmé Jean Bilquez, contacté ce mardi par Yabiladi. S'il a réussi à mettre des noms sur les 12 soldats marocains depuis 2019, il souligne qu'«aucune famille marocaine parmi les proches des défunts ne s'est encore manifestée ou a répondu aux appels lancés même au Maroc, avec l'aide du Franco-marocain Abdelmalek Terkemani, afin de retrouver des enfants ou des petit-enfants». La même année, une stèle nominative a été inaugurée dans le cimetière militaire de Villars-lès-Blamont. Empreinte d'émotion, la cérémonie s'est tenue en présence d'une délégation du consulat du Maroc à Dijon, de familles marocaines et algériennes, du maire du village, Jean-Pierre Brandelet, d'une trentaine d'anciens soldats ainsi que de représentants locaux. Cette découverte a permis d'identifier des soldats morts pour la France, ayant appartenu au sixième Régiment de tirailleurs marocains (RTM) et participé à la campagne d'Italie, du 11 février au 14 septembre 1944. Depuis la trouvaille, Jean Bilquez a continué son œuvre, pour sortir les sépultures d'autres combattants de l'anonymat, comme il s'est promis de le faire depuis plusieurs années. Récemment, il a réussi à identifier «18 autres inhumés d'abord dans un cimetière militaire provisoire, dont ils ont été exhumés en 1954». Inhumés sous X, des tirailleurs marocains sont enfin reconnus dans le département du Doubs. Parvenu à remonter ce qui est advenu des dépouilles, il confie à Yabiladi être arrivé à retrouver une douzaine de noms leur appartenant. Selon lui, «ils ont été enterrés dans une nécropole nationale dans les environs de Lyon». «J'ai fourni au consulat marocain de Dijon leurs noms et leurs numéros de tombes. Quant aux six autres, ils auraient été rapatriés au Maroc», nous indique-t-il. Une association française sort de l'oubli des tirailleurs marocains inhumés sous X Un devoir de mémoire pour ne pas oublier ceux tombés pour la France Pour Jean Bilquez, il s'agit ici d'«un devoir de mémoire». Dans le cadre des actions de l'association Le Souvenir français pour la préservation des tombes en France et dans d'autres pays, notamment le Maroc, ce militant s'est engagé depuis plus de trente ans à travers quinze communes, non seulement pour nommer les tombes anonymes de combattants marocains, algériens et tunisiens, mais aussi pour retrouver leurs familles, en France ou dans les pays d'origine. «Ces soldats africains ont été enrôlés par l'armée française et ils avaient bien un nom, un prénom, une identité et des familles dans leurs villes qu'ils ont quittées pour participer à la campagne de libération française ; c'est inadmissible qu'ils soient inhumés de la sorte.» Jean Bilquez Dans ce même esprit et grâce au travail de Jean Bilquez, Le Souvenir français au Plateau du Lomont et la Vallée du Gland a, avant cela, réussi à inscrire les noms des morts de la guerre franco-prussienne (1870-1871) sur les monuments aux morts de la région. Depuis 1990, cet ancien militaire puis retraité d'une entreprise automobile est aussi secrétaire de la section de Seloncourt de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA).