En l'espace d'un an, le Maroc a perdu six places dans l'Indice de perception de la corruption (IPC). Transparency le classe au 86e rang sur 179 pays dans la «zone de corruption chronique». Entre 2019 et 2020, le Maroc est passé de la 80e à la 86e place dans l'Indice de perception de la corruption, avec un score de 40 sur 100. Rendant publics ces chiffres jeudi 28 janvier, Transparency Maroc a indiqué que le pays occupait «une place qui peut être considérée une zone de corruption chronique». Pour cause, la tendance s'est aggravée avec une régression ces quatre dernières années. Face à ce constat, l'ONG déplore «l'absence de la part de l'Etat de signes et d'une volonté de lutter sérieusement contre la corruption». Un constat dressé alors que la plupart des députés parlementaires marocains se sont foncièrement opposés à une criminalisation de l'enrichissement illicite, avec de la prison ferme. Au début de 2020, les groupes de la majorité des députés à la Chambre des représentants ont convenu d'écarter les peines privatives de liberté, en cas d'enrichissement illicite, durant l'examen de la loi n°16.10 modifiant et complétant les dispositions du Code pénal à cet effet. Source : Transparency Maroc Dans ce contexte, Transparency Maroc rappelle que la Stratégie nationale de lutte contre la corruption attend encore sa mise en œuvre, en l'absence d'une loi sur le conflit d'intérêt, notamment au niveau des marchés publics. Pour leur part, des défenseurs de protection de l'argent public ont estimé que la position gouvernementale sur cette non-inclusion de peines privatives était un défaut d'engagement par rapport à la Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC), qui inclut d'ailleurs la criminalisation de l'enrichissement illicite, de même que la Convention de l'ONU de lutte contre la corruption, signée par le Maroc en 2003 et ratifiée en 2007. Déclaration généralisée du patrimoine : «Une fuite en avant» de Mohamed Benabdelkader De son côté, Transparency Maroc a également plaidé pour une loi de l'Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption qui assure à l'institution «l'indépendance, les moyens et les possibilités de l'investigation». Pour l'antenne marocaine, «la sortie du Maroc de la corruption endémique nécessitera que l'Etat marocain engage effectivement des mesures de lutte contre la corruption» qui manifestent «une volonté politique réelle non limitée aux discours». L'ONG insiste aussi sur la nécessité d'une réforme des lois relatives à la déclaration du patrimoine ainsi que la «protection effective des témoins et des dénonciateurs de la corruption». D'autres pays arabes améliorent leur classement mondial En termes d'IPC pour l'année 2020 selon Transparency, avec sa 86e position mondiale, le Maroc est classé neuvième sur 19 Etats arabes. Les Emirats arabes unis (21e) occupent la première place du classement régional, suivis du Qatar (30e), Oman (49e), Arabie Saoudite (52e), Jordanie (60e), Tunisie (69e), Bahreïn (78e) et le Koweït (78e). Source : Transparency Maroc L'Algérie (104e) arrive derrière le Maroc, suivie de l'Egypte (117e), Mauritanie (134e), Liban (149e), Irak (160e), Libye (173e), Soudan (174e), Yémen (176e), Syrie (178e) et de la Somalie (179e). Plus globalement, ce sont le Danemark et la Nouvelle-Zélande qui occupent les premières places du classement mondial, avec un score de 88/100. Les plus faibles sont ceux de la Syrie, avec 14 points, et la Somalie, 12 points. Pour dresser l'Indice de perception de la corruption (IPC) de l'année 2020, Transparency a indiqué s'être basée sur «différentes enquêtes effectuées par des agences internationales pour établir un score et un classement des pays sur une échelle de corruption et de déficit de la transparence». Elle s'est ainsi appuyée sur 13 enquêtes et évaluations d'expertise.