Marche arrière, revirement sous la pression ou un simple repli stratégique en attendant que l'orage passe ? La nouvelle position de Bassima Hakkaoui sur le viol des mineures suscite de nombreuses interrogations. L'affaire Amina Filali continue de poursuivre Bassima Hakkaoui. D'outre-tombe, la mineure de Larache de 16 ans, qui s'est suicidée après son mariage à son violeur, marque des points, contraignant la très conservatrice ministre de la Solidarité, de la femme, de la Famille et du développement social, à opérer une marche arrière et de modifier certaines de ces positions initiales. Interpellée, lundi lors de la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, par les députés du Groupe démocratique (formé essentiellement par le PPS, parti de la majorité gouvernementale de Abdelilah Benkirane, ndlr) sur les mesures de protections des filles mineurs victimes de graves abus, Bassima Hakkaoui, du PJD, s'est débarrassée, pour une fois, de sa réserve sur ce sujet, qui lui avait value d'ailleurs de vives critiques de la part de la société civile, pour annoncer que «la place naturelle d'un violeur est la prison car le viol est un acte condamnable à tous les niveaux». Disposée à réviser l'article 20 du Code de la famille Mieux encore, au cours de la même séance, la ministre s'est dite favorable à une révision de l'article 20 du Code de la famille, qui certes fixe l'âge minimum légal de mariage à 18 ans, mais accorde plein pouvoir aux juges de bénir le mariage des mineures, bien entendu dans certains cas. Mme Hakkaoui a souligné que, s'il est prouvé que cet article pose problème dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions du code, il est possible de réviser cette loi et de la réformer. L'article 20 précise que «le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l'âge de la capacité prévu à l'article 19 ci- dessus, par décision motivée précisant l'intérêt et les motifs justifiant ce mariage, après avoir entendu les parents du mineur ou son représentant légal, et après avoir eu recours à une expertise médicale ou procédé à une enquête sociale. La décision du juge autorisant le mariage d'un mineur n'est susceptible d'aucun recours». Dans le cas de Amina Filali y a-t-il eu une «expertise médicale» ou une quelconque «enquête sociale» ? Ce revirement de la ministre Bassima Hakkoui intervient dans un contexte très particulier marqué essentiellement par une mobilisation international en faveur des abrogations des articles 20 du Code de la famille et 475 du code pénal.