Le Parlement fédéral du Canada a adopté, lundi soir, une loi considérant les pratiques de la Chine contre les Turcs ouïghours comme un "génocide". L'adoption de la loi par le Parlement s'est faite à l'unanimité, suite à sa discussion par les députés, sachant que 266 députés ont participé au vote. Le 19 février dernier, les députés ont discuté d'une proposition de loi intitulée "Minorités religieuses en Chine" présentée par le représentant du Parti conservateur de l'opposition, Michael Chong. Dans son discours lors de la session parlementaire, Chong a souligné que de nombreuses preuves confirment que des crimes de génocide ont été commis dans la région du Turkestan oriental. Il a souligné la nécessité pour le Canada de s'acquitter de ses responsabilités en matière de défense des droits de l'homme et d'être à l'avant-garde des pays du monde à cet égard. Pour sa part, le ministre fédéral canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, a exprimé dans un communiqué après le vote, sa préoccupation face aux rapports faisant état de violations des droits de l'homme dans la région du Turkestan oriental. Garneau a également exprimé sa gratitude pour le résultat du vote, indiquant que le gouvernement canadien prend très au sérieux les allégations de génocide dans la région. "Nous avons exprimé notre condamnation de la violation des droits des minorités au Turkestan oriental par le gouvernement chinois, et nous affirmons que le gouvernement canadien continuera à défendre les droits des minorités. Nous appelons à la formation d'une commission internationale indépendante pour enquêter sur les faits au Turkestan oriental". La Chine contrôle le Turkestan oriental depuis 1949, et c'est la patrie de la minorité ouïghour turque et musulmane. La région a été rebaptisée "Xinjiang", ce qui signifie "nouvelles frontières". Les statistiques officielles indiquent qu'il y a 30 millions de musulmans dans le pays, dont 23 millions d'Ouïghours, tandis que des rapports officieux avancent que le nombre de musulmans est plutôt proche des 100 millions. En mars 2020, le département d'Etat américain a publié son rapport annuel sur les droits de l'homme pour l'année 2019, dans lequel il a déclaré que la Chine détenait des musulmans dans des centres de détention pour effacer leur identité religieuse et ethnique et les contraignait aux travaux forcés. Cependant, la Chine prétend généralement que ces centres, que la communauté internationale qualifie de "camps de concentration", sont des "centres de formation professionnelle" et visent à "nettoyer les esprits de ces détenus des idées extrémistes".