La pandémie du Covid-19 a forcé un changement de comportement dans tous les domaines. Si certains secteurs d'activité ont lourdement impacté, d'autres ont su profiter des nouvelles opportunités offertes par le Covid-19, notamment les startups. Malgré les difficultés d'accès au crédit et un marché devenu étroit, « certaines startups ont même eu un rôle clé pour assurer la continuité des activités pendant la période de confinement, que ce soit dans la healthtech, la dématérialisation des procédures, l'edtech ou le last mile », selon Salma Kabbaj directrice générale d'IMPACT Lab. Dans cet entretien, Mme Kabbaj revient les motivations du programme World Without Waste, mais surtout l'écosystème des startups ainsi que les perspectives de ce secteur. Entretien.
Panorapost. Pour la 6èm édition Impact Camp va s'investir dans la valorisation des déchets de l'industrie des boissons. Qu'est-ce qui a motivé le choix de la thématique ? Salma Kabbaj. IMPACT Camp est un programme d'accompagnement spécialisé dans l'entrepreneuriat engagé, qui cherche à résoudre des problématiques sociales ou environnementales clés à travers des business models innovants et pérennes. Depuis le lancement d'IMPACT Camp en 2015, nous avons accéléré près de 60 projets sur différentes thématiques à fort impact allant de la cleantech, à l'inclusion financière en passant par l'edtech. Cette année, IMPACT Camp s'est associé à Coca-Cola, qui s'engage à travers son programme World Without Waste à soutenir la collecte et la valorisation des déchets. Depuis 2010, la Fondation Coca-Cola a engagé plus de 26 millions de dollars dans des initiatives de recyclage par l'intermédiaire de 57 organisations partenaires dans le monde. . Quelle sera la valeur ajoutée pour Impact Lab dans le programme World Without Waste de Coca-Cola ? A travers cette collaboration, nous cherchons d'abord à accélérer le déploiement de solutions innovantes à fort impact sur tout le cycle de gestion des déchets, que ce soit en réduisant les emballages utilisés, en mettant en place un système de collecte efficace ou en créant des opportunités de seconde vie pour les emballages. Cette édition d'IMPACT Camp est également une plateforme d'information et de sensibilisation aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques liés à la valorisation des déchets. Notre objectif est d'inspirer de futurs entrepreneurs et de les encourager à adresser de manière innovante les opportunités liées à cette thématique. Comment appréciez-vous l'écosystème de startups dans une période de resserrement de la taille du marché et de la forte concurrence pour l'innovation ? L'écosystème startups a effectivement subi de plein fouet la crise covid, qui a amplifié les difficultés habituelles d'accès au marché, de délai de paiement, etc. Mais cette crise a également accéléré certains changements de comportements, que ce soit au niveau des consommateurs ou des entreprises, qui ont offert de nouvelles opportunités de développement pour les startups. Certaines startups ont même eu un rôle clé pour assurer la continuité des activités pendant la période de confinement, que ce soit dans la healthtech, la dématérialisation des procédures, l'edtech ou le last mile. Les startups sont plus que jamais aujourd'hui des partenaires clés pour les grandes entreprises et les institutions publiques. Elles ont l'agilité qui leur permet d'évoluer rapidement dans un contexte en changement permanent. Elles sont proches de la réalité de leurs utilisateurs et savent s'y adapter. Elles savent capitaliser sur les nouvelles technologies pour adresser des enjeux opérationnels. Il faut maintenant que les grandes entreprises et les institutions publiques s'ouvrent à ces partenariats qui leur permettront de sortir de la crise actuelle avec une compétitivité renforcée. L'ouverture de votre filiale en Tunisie vous a-t-elle poussé à changer votre business modèle ? Où en est-elle ? L'ouverture de notre filiale en Tunisie a été la première étape d'un élargissement des activités d'IMPACT Lab sur la région Afrique du Nord et de l'Ouest. Nous déployons aujourd'hui nos programmes en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Bénin. Nous avons accompagné à travers nos programmes des startups originaires de 17 pays africains. La crise covid 19 nous a permis d'accélérer la digitalisation de nos activités. Nous déployons depuis avril 2020 des programmes d'accompagnement de startups, de grandes entreprises et d'institutions publiques en format 100% digital ou en phygital, ce qui nous ouvre des opportunités intéressantes pour accélérer notre développement régional. Nous restons convaincus que la force des écosystèmes d'innovation africains viendra des synergies que nous réussirons à créer entre eux. Les startups sont en général confrontées à un problème d'accès au crédit. Quelles sont les stratégies que vous avez développées, mais aussi vous comptez déployer pour aider les startups à enfin développer leur projet ? Aujourd'hui il existe au Maroc des mécanismes efficaces dédiés au financement des startups. Je pense en particulier au programme Innov Invest, porté par la Caisse Centrale de Garantie, qui a été structurant pour l'écosystème startups. A travers ce programme, une startup peut accéder à 700 000 dhs de subventions et de prêts d'honneur pour lancer son projet. Il existe de plus en plus de fonds d'amorçage qui offrent du financement en equity pour les startups plus avancées. Le programme Intelaka représente également une opportunité extrêmement intéressante. Si j'ai un conseil à donner à une startup, c'est de se focaliser avant tout sur la génération de chiffre d'affaires, qui lui permettra à la fois de garantir sa première source de financement et de valider son business model pour accéder à de nouvelles opportunités de financement. Comment appréciez-vous la pandémie du Covid-19 dans le développement des startups ? Est-elle un accélérateur ou un frein ? Que préconisez-vous pour une sortie de crise plus dynamique pour les startups ? La crise covid 19 a été un vrai accélérateur pour certaines startups car elle a permis à leurs clients cibles de prendre conscience de l'importance et de l'urgence des enjeux de digitalisation. C'est le cas par exemple dans le secteur de l'éducation où les écoles ont dû rapidement mettre en place des plateformes de gestion en ligne des contenus et de la relation avec les élèves et leurs parents. On a également vu des opportunités fleurir autour du e-commerce, avec un changement accéléré du comportement d'achat des consommateurs. La crise a également forcé de nombreuses startups, comme beaucoup d'autres entreprises, à repenser leurs business models. Dans cette dynamique, les gagnants seront ceux qui sauront être à l'écoute de leur marché, et capitaliser sur les opportunités offertes par les nouvelles technologies pour répondre aux nouvelles attentes et à la nouvelle réalité de leurs utilisateurs.