Les Algériens se prononcent dimanche sur une révision constitutionnelle censée poser les bases la base d'une "Algérie nouvelle" après plus d'un an et demi de contestation populaire. Un scrutin qui s'est déroulé en l'absence de son initiateur, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à l'étranger. Si la victoire du "oui" ne fait guère de doute, le principal enjeu est la participation. Elle était très faible déjà à la mi-journée. Seulement 13% contre 39% lors de la présidentielle de décembre 2019, ce qui constituait déjà un taux historiquement faible. Et elle n'était que de 18,44% à 17h, selon Mohamed Charfi, président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Les 61 000 bureaux de vote ont fermé à 19H00 (18H00 GMT) et ce référendum semblait donc s'acheminer vers une abstention record et un revers cinglant pour le régime. La date du référendum n'a pas été choisie par hasard : le 1er novembre marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française. "Le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l'histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, en vue d'instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un Etat fort, moderne et démocratique", avait escompté le président Tebboune dans un message relayé samedi par l'agence officielle APS. Problème : ce référendum souffrait avant même le début du vote d'un déficit de légitimité. Les opposants dénoncent la répression dont ils font l'objet et les partisans du "Hirak", le mouvement populaire qui a conduit l'ex-président Bouteflika à la démission, boycottent ce référendum. Si la nouvelle Constitution met en avant une série de droits et de libertés, elle maintient l'essentiel d'un régime "ultra présidentiel" et qui élargit même les prérogatives de l'armée. Pour ces partisans du Hirak, le référendum n'est donc qu'un changement de façade. Ils réclament avant tout une profonde rupture avec le "système" politique en place depuis l'indépendance. Le scrutin s'est déroulé dans un climat de répression "implacable" ciblant depuis des mois militants du "Hirak", opposants politiques, journalistes et internautes, selon les défenseurs des droits humains. Selon le CNLD, quelque 90 personnes sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook. Les réseaux sociaux ont fait état d'incidents -marches nocturnes, urnes et bulletins détruits- en Kabylie. De nombreux bureaux de vote n'ont pas ouvert dans cette région traditionnellement frondeuse, selon des médias locaux. Des interpellations ont eu lieu à Alger et à Tizi Ouzou, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).