Après une réunion marathon de cinq heures, les ministres britanniques ont finalement approuvé l'accord technique conclu mardi entre les négociateurs européens et britanniques. Enfin, plus de deux ans après que le Royaume-Uni ait voté en faveur de la sortie de l'Union européenne, après des négociations difficiles, la première ministre britannique Théresa May a rédigé un projet d'accord pour se retirer de l'UE à présenter à son cabinet, au parlement et au pays. Mme May a annoncé mardi qu'elle disposait d'un projet de texte de l'accord qui compterait 500 pages. Mardi soir, elle a convoqué les membres de son cabinet un par un au 10 Dowing Street pour des réunions d'information sur l'accord, dans le cadre de ce qui est considéré comme une stratégie de division et de conquête. Parmi les membres du cabinet, notamment Andrea Leadsom et Penny Mordaunt, figurent de durs Brexiters, qui souhaitent que le Royaume-Uni sorte complètement de l'union douanière, ce qui limiterait sa capacité à négocier des accords commerciaux avec d'autres pays. Théresa May devait convaincre mercredi, en conseil de ministres, ce groupe de soutenir sa version de l'accord. L'une des questions les plus controversées au cours des négociations sur le Brexit a été de savoir quoi faire de la frontière irlandaise, qui sépare la République d'Irlande (qui fait partie de l'UE) de l'Irlande du Nord (qui fait partie du Royaume-Uni et quittera donc l'UE avec le reste du pays). L'imposition d'une « frontière dure » entre les deux, avec des règles douanières différentes, a fait craindre que la fragile paix entre les deux ne soit brisée. Le gouvernement anglais a alors accepté, après plus de 5h de discussions au 10 Dowing Street, de mettre en place un système de soutien des douanes à l'échelle du Royaume-Uni, mécanisme permettant d'éviter toute frontière dure en Irlande après le Brexit. Pour convaincre l'ensemble des ministres de son cabinet, elle aura insisté sur une concession majeure qu'elle estime avoir arrachée à l'Union européenne. A la fin de la période de transition, (en principe fin 2020) le pays demeurera dans une union douanière avec l'UE, ce qui exonérera le Royaume-Uni de tout droit de douane. Cette union douanière durera le temps qu'un accord de libre-échange ou toute autre forme de nouvelle relation soit conclue. Cette solution permet de résoudre la question de la frontière avec l'Irlande du Nord qui empoisonnait les négociations depuis des mois. L'UE était initialement opposée à cette proposition, mais a finalement cédé, en échange de lourdes concessions de Londres. Mais l'approbation du cabinet britannique ne représente que la première étape d'un très long chemin de croix. Les ambassadeurs de l'UE devaient se réunir dans la soirée pour discuter du projet d'accord. Si le projet élaboré par l'équipe de négociateurs européens autour et britanniques autour satisfait les Vingt-Sept, un conseil européen exceptionnel devrait être fixé, pour le 25 novembre.