Le 12 juin 2018 est la Journée mondiale contre le travail des enfants, et cette fois, cette journée est organise sous le thème « Agir pour éliminer d'urgence le travail dangereux des enfants ». Pour 2018, la Journée mondiale contre le travail des enfants et la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail se sont associées dans une campagne commune sous le thème « Génération :Sécurité et santé ». De quoi s'agit-il ? Quand on parle de travail des enfants, on entend les travaux effectués par les enfants dans les mines, les champs, les usines ou leurs propres familles, susceptibles de les exposer à des risques physiques ou psychologiques, tels que ceux qui les exposent, par exemple, à supporter le contact avec les pesticides ou d'autres substances toxiques, ou à porter de lourdes charges ou d'être soumis à des horaires exténuants. S'agissant du Maroc, l'analyse des nouvelles données de l'Enquête Nationale sur l'Emploi révèle, qu'en 2017, sur les 7.049.000 enfants âgés de 7 à 17 ans, 247.000 exercent un travail. Parmi ces derniers, 162.000 leur travail revêt un caractère dangereux, ce qui correspond à un taux d'incidence de 2,3%. Les enfants astreints à ce type de travail sont à 76,3% ruraux, 81% masculins et à 73% âgés de 15 à 17 ans. Ils sont au nombre de 38.000 en milieu urbain, constituant 85,6% des enfants au travail dans les villes (45.000 enfants) et 1% de l'ensemble des enfants citadins (4.026.000 enfants). Dans le cas des ruraux, ces proportions sont respectivement de 124.000, 61,4% (202.000 enfants) et 4% (3.023.000 enfants). Quatre régions du Royaume abritent 70% des enfants astreints à ce type de travail. La région de Casablanca-Settat vient en tête avec 25,3%, suivie de Marrakech-Safi (20,3%), puis Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et enfin la région de Fès-Meknès avec 11,7%. Parmi les enfants de sexe masculin, un nombre de 132.000 exercent un travail dangereux, 74,3% des garçons au travail et 3,7% de l'ensemble des garçons âgés de 7 à 17 ans respectivement. C'est le cas de 31.000 filles, et respectivement 44,2% et 1% des enfants de même sexe. Par ailleurs, 10,6% des enfants exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 81,4% ont quitté l'école et 8% ne l'ont jamais fréquentée. Le travail dangereux reste concentré dans certains secteurs économiques et diffère selon le milieu de résidence. En zones rurales, les enfants exerçant un travail dangereux se retrouvent en particulier dans le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche" (82,6%). En revanche, en villes, ils sont concentrés dans les "services" (52,7%) et dans l'"industrie y compris l'artisanat" (32%). Parmi les secteurs où le niveau d'exposition des enfants à ce risque est le plus élevé figure en particulier, le secteur des BTP avec 92%, suivi de l'"industrie y compris l'artisanat" (83,7%), les "services" (82,4%) et l'"agriculture, forêt et pêche" (58,6%). Il convient de souligner que si l'incidence du travail dangereux au Maroc est de l'ordre de 2,3%, elle est, selon les statistiques de l'OIT, de 4,6% à l'échelle internationale, représentant ainsi le double du niveau national. Cette incidence passe de 1,5% au niveau des Etats Arabes à 3,2% dans les Amériques, puis à 3,4% dans la région Asie-Pacifique, et à 4% en Europe et Asie Centrale pour culminer à 8,6% en Afrique.