Après plusieurs mois d'attente et de spéculations diverses, et alors que le boycott de plusieurs produits continue, même en s'estompant peu à peu, la commission des finances de la Chambre des représentants s'est réunie ce mardi 15 mai pour débattre du rapport d'enquête sur les prix des hydrocarbures, présidée par le PJD Abdallah Bouanou. En voici les principales conclusions et déclarations : baisse des taxes et intervention de l'Etat (Photo Medias24) Il se dégage des lectures et explications faites qu'après la décompensation du prix des hydrocarbures, le gagnant est l'Etat et non les distributeurs, comme on pouvait s'y attendre et comme on a écrit ici et là, partout. Les marges bénéficiaires des compagnies n'ont pas changé. Cela signifie que si les prix sont restés hauts même après la décrue des cours internationaux, c'est parce que les taxes ont été maintenues. Le chef du groupe parlementaire du PJD Driss el Azami el Idrissi, ancien ministre du budget, a déclaré d'emblée, pour planter le décor, que « l'objectif de ce rapport concerne l'ensemble du secteur des hydrocarbures, et non pas une seule compagnie, comme cela a été suggéré et compris »… Comprenez Afriquia, désignée comme responsable de tous les maux du secteur. On attendait la sortie d'el Azami el Idrissi car le PJD était à la manœuvre sur cette question. Mais l'ancien ministre du budget, qui est à l'origine de la décompensation avec son chef d'alors Abdelilah Benkirane, a précisé que si l'Etat est sorti gagnant de la suppression de la compensation sur les produits pétroliers, les entreprises ont gagné plus. « On ne doit pas laisser les compagnies agir comme elle l'entendent ; il est important que l'Etat intervienne quand il y a des abus ». Driss el Azami el Idrissi a appelé à la réactivation du Conseil de la concurrence et à la révision de la politique de libéralisation des prix. Le député chef du groupe istiqlalien Noureddine Mediane a expliqué « que ce rapport est le fruit d'un long travail, mais il est présenté aujourd'hui sous la pression de l'opinion publique. Il faut rediscuter des marges et il est important que l'Etat fasse dans le secteur des hydrocarbures ce qu'il a fait pour les médicaments. Maîtriser le prix de Doliprane, c'est bien, mais c'est encore mieux de le faire aussi pour le carburant ». M. Mediane poursuit que « nous ne sommes ni l'Allemagne ni la France, nous n'avons ni leur fiscalité ni leur pouvoir d'achat ni leur Smig ; il faut donc que le différentiel entre les taxes et le prix de vente soit reversé aux citoyens et non aux compagnies. Et il est important que les prix soient révisés vers le bas ». Mohamed Moubdii, du MP, a réclamé que « les marges soient revues à la baisse, de même que les taxes, afin que les prix à la pompe diminuent ». Le député Omar Balafrej, tout en se félicitant des apports importants du rapport, a regretté que « les responsables des compagnies ne soient pas venus ici pour nous expliquer leurs bénéfices, estimés à 17 milliards de DH. Il existe en effet des marges inconséquentes et même amorales, qu'il faut restituer au peuple, et s'il le faut, on doit réfléchir à une loi de finances rectificative ». Les deux ministres présents prennent alors la parole, Aziz Rabbah (Equipement et transport) parle des mérites de la décompensation, de l'utilité de revoir ce système vers plus d'équité, et défend la politique de l'Etat qui va vers l'encouragement, par exemple, des véhicules électriques. Quant à Daoudi, droit dans ses bottes et clair à son habitude, il déclare « refuser qu'on attaque le gouvernement sur la question du Conseil de la concurrence ; on attend que le président soit nommé ». C'est le roi qui désigne cette personne. « Nous sommes en tant que gouvernement, responsables de la protection du citoyen et de son pouvoir d'achat, mais aussi de la défense des entreprises ». En conclusion, l'idée générale relevée est que la décompensation a déséquilibré les rapports de force et enchevêtré les différents éléments constitutifs des prix des carburants. Entre une baisse des cours internationaux non répercutée immédiatement, puis une hausse actuelle que l'on retrouve dans les maintiens des prix élevés, l'Etat doit réguler. Il doit agir pour fixer des prix plafonnés, ce qui nous a été confirmé au niveau de la présidence du gouvernement. Ce serait la solution au problème. Il se dégage également que les entreprises doivent consentir un effort, sans avoir été désignées comme responsables de prix élevés.