On parlait d'une direction de « cohabitation » au PJD pour le nouveau secrétaire général – et accessoirement chef du gouvernement – Saadeddine Elotmani… et bien cela se confirme ! Le Conseil national avait élu Driss el Azami el Idrissi à sa tête, et l'homme – résolument benkiraniste – avait obtenu 88% des suffrages, après avoir été très près de battre Elotmani pour la course au secrétariat général. Aujourd'hui, son Bureau est très benkiraniste. Les membres du Conseil national ont donc désigné leur Bureau, et ce Bureau comptera désormais dans ses rangs Abdelali Hamieddine, vice-président sortant, mais aussi et surtout Khalid Boukariî et Amina Maelainine, en plus de Souad Boutkhil, pas très connue mais farouchement benkiraniste aussi. Durant la longue période de blocage politique, et jusqu'au 15 mars 2017, Mme Maelanine et MM. Hamieddine et Boukariî avaient très fortement soutenu Abdelilah Benkirane dans son intransigeance face aux exigences d'Aziz Akhannouch, président du RNI. Puis, après la désignation d'Elotmani à la tête du gouvernement, le 17 mars, la question d'un éventuel 3ème mandat pour Benkirane avait été posée, et l'était resté jusqu'aux ultimes instants du Congrès du PJD des 9 et 10 décembre. Ce 3ème mandat avait été porté par les quatre personnages. Or, le secrétariat général, « épuré » des ami(e)s de Benkirane, compte presque tous les ministres du PJD et se présente comme résolument otmaniste. Il devra aujourd'hui composer avec un Conseil national très lourdement benkiraniste. Cela augure de joutes homériques entre les deux instances dirigeantes du parti, surtout que l'ancien chef du parti et du gouvernement, Benkirane, a repris ses petites phrases. En effet, et ainsi qu'il l'a dit à notre confrère Mowatine, qui lui a demandé si la politique est derrière lui, a répondu que « non, il me reste encore deux ou trois choses à faire et accomplir ». La cohabitation s'invite donc au sein du PJD, et le parti s'installe dans une instabilité institutionnelle qui n'augure de rien de bon. Elotmani n'est pas fort, et Benkirane lui en veut « à mort », tel peut être un résumé de la situation.