Et finalement, les banques participatives ont ouvert au Maroc, du moins deux, dont Umnia Bank, fruit d'un partenariat entre CIH Bank et la Qatar International Islamic Bank. Ses trois agences actuelles sont appelées à se multiplier dans le mois, et les ambitions en termes de parts de marché et de taille sont à la mesure des efforts déployés par le CIH depuis près de deux ans. Panorapost a rencontré le président de son directoire, Abdessamad al Issami. M. al Issami, quel a été le parcours que vous avez suivi pour le lancement d'Umnia Bank, la banque participative du CIH ? Nous avons déposé en novembre 2015 notre demande d'agrément auprès de Bank al-Maghrib, puis nous avons entamé les préparatifs pour le lancement, avant même d'obtenir le fameux agrément. La raison est que le président du CIH, M. Ahmed Rahhou, souhaitait que sitôt le fameux sésame obtenu, nous démarrions l'exploitation. Pour ce faire, il fallait que soient mis en œuvre plusieurs chantiers : le système informatique, la formation des cadres, l'aménagement des agences et la mise au point de notre stratégie marketing. Nous avons alors travaillé comme si nous avions obtenu l'agrément de la banque centrale et, de fait, une fois cela acquis, nous avons pu ouvrir nos agences dès le 23 mai dernier et recevoir nos premiers clients qui nous ont fait part de leurs besoins et qui nous ont permis d'ajuster notre offre à leurs attentes. Et quelles sont ces attentes ? Une partie des clients a une idée claire de ce que sont les banques participatives, de ce qu'ils en attendent, expliquant qu'ils ont quelque réticence à être bancarisés dans les institutions traditionnelles qui sont en retrait par rapport à leurs convictions. Cette clientèle sait donc ce qu'elle veut, et dès l'ouverture de nos agences, elle est venue à nous pour exprimer ses besoins, essentiellement dans l'acquisition d'automobiles ou de biens immobiliers. Une autre catégorie de clients, peu informés de ce type de banque, se sont présenté pour s'enquérir de nos produits et des moyens de paiement que nous offrons à nos relations. Ces personnes ont obtenu des réponses à leurs questions, sur la banque, ses produits et ses services, et elles ont reçu toutes les assurances et garanties nécessaires pour s'assurer que notre offre a été validée par les organismes officiels compétents en la matière. Vous en êtes à trois agences ouvertes aujourd'hui… Ceci est-il suffisant pour répondre aux attentes ? Le 23 mai, nous avions en effet démarré avec trois agences. Le 31 juillet, lundi prochain donc, nous ouvrirons trois nouvelles agences et durant le mois d'août, nous aurons couvert 8 zones sur le territoire national, à Oujda, Rabat, Fès, Tanger, Salé, Marrakech et Agadir, en plus de Casablanca. Puis nous poursuivrons pour assurer notre présence dans d'autres villes. Avez-vous une idée de la part de marché que pourront conquérir les banques participatives sur le marché bancaire ? Nous sommes partis des expériences similaires à la nôtre, menées dans d'autres pays où des banques islamiques ont été ouvertes, et nous nous sommes appuyés sur les opinions exprimées par leurs clientèles. Ainsi, donc, partant de là, nous avons constaté que dans ces pays ayant ouvert dernièrement des banques participatives, comme la Tunisie, le Turquie ou encore le sultanat d'Oman, la part des organismes participatifs dans le marché bancaire global varie entre 5 et 10%. Et pour Umnia Bank, quelle part de marché prévoyez-vous d'atteindre au Maroc ? Umnia Bank ambitionne d'être une institution de référence en matière de finance participative, et cela sera clairement exprimé par la part de marché que nous prendrons grâce à notre action et à nos efforts. Et pour les frais bancaires que vous appliquerez, seront-ils les mêmes que pour les banques classiques ? Nous sommes dans un marché et nous fonctionnons dans une logique de marché. Chez les banques classiques, les frais bancaires d'ouverture de compte ou de délivrance de carte bancaire vont de 1 à 1,5 ou 2. Pour les prêts immobiliers, les taux d'intérêt varient de 4,5 à 5,75%. Ainsi, pour les banques classiques, il existe des différences de traitement qui se justifient et s'appliquent en fonction du profil risque du client. Et il en ira de même pour les banques participatives. Comment envisagez-vous d'assurer la liquidité bancaire participative pour faire face à la demande des clients ? Nous avons commencé avec un capital de 600 millions de DH, et nous collectons aujourd'hui les dépôts des clients. Pour la question de la liquidité bancaire, la banque centrale s'attelle à mettre en place un marché monétaire, à l'instar de ce qui se produit pour le circuit bancaire classique, avec la particularité participative en plus.