Quelques jours après avoir obtenu la confiance du parlement, le gouvernement Saadeddine El Otmani se trouve devant l'échéance du 1er mai, avec des syndicats qui déroulent leurs revendications, et essentiellement la mise en exécution de l'Accord du 26 avril 2011… Sauf que cette fois, le gouvernement arrive après une longue période de mise en hibernation du Dialogue social, du temps du gouvernement Benkirane. Mais le gouvernement actuel a inauguré son mandat par l'écoute et le dialogue. El Otmani a en effet reçu les syndicats dits les plus représentatifs, et d'autres aussi, et le ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle a lui aussi, de son côté, reçu des chefs syndicalistes. Dans une déclaration à Mowatine, le ministre Mohamed Yatim a affirmé que « la priorité du gouvernement est l'institutionnalisation du Dialogue social, qu'il faut remettre sur les rails, car l'année dernière a été celle de la confusion et du désordre en la matière ». Pour rappel, Yatim est l'ancien secrétaire général de l'UNTM, le syndicat du PJD, et il a expliqué que les rencontres avec les centrales syndicales sont LA nouvelle orientation du gouvernement, qui sait ne pas pouvoir se passer des syndicats ou dépasser les échanges avec eux. Et lui-même, en sa qualité de syndicaliste, partageait nombre de revendications syndicales. Il est prévu que ces rencontres entre gouvernement et syndicats se poursuivent après le 1er mai, pour évaluer la méthodologie employée jusque-là, et avec effet d'y apporter les révisions nécessaires, pour la satisfaction de tous. Aujourd'hui, la priorité de Mohamed Yatim est de gérer le temps législatif, dit-il dans une allusion à l'adoption de la loi organique sur la grève, soumise au parlement à la fin de l'ancienne législature. Pour le ministre, cette loi est désormais l'affaire du parlement et non plus du gouvernement, sachant que pour son adoption, il est impératif de parvenir à un consensus entre le gouvernement et les différents groupes parlementaires. Cette loi organique, portant numéro 97-15, s'attelle à la définition des conditions d'exercice du droit de grève. Si le texte procure aux travailleurs le droit de cesser le travail, à certaines conditions, il faut reconnaître qu'il existe des cas où les syndicats considèrent que ce droit est bridé. Pour Mohamed Yatim, le fait qu'i n'y ait pas d'échéances électorales en vue facilitera les tenues du Dialogue social et son avancée : « Il n'y a aujourd'hui aucune raison d'échec du Dialogue social, car en 2015, il y avait les élections communales et régionales, et 2016 était l'année du scrutin législatif. Du coup, toutes les discussions comportaient des visées et perspectives politiques, ce qui n'est pas le cas maintenant et pour les années à venir ». Lors de la législature écoulée, le climat était très délétère entre le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane et les syndicats, en raison principalement de la réforme des caisses de retraite et l'entrée en vigueur de l'avancée de l'âge de la retraite à 63 ans et du relèvement des cotisations.