L'an passé, fin mai, un Congrès extraordinaire du PJD s'était tenu pour permettre à Abdelilah Benkirane d'aller aux élections législatives à la tête de sa formation. Le Congrès avait aussi « adoubé » son secrétaire général pour le désigner, en creux, comme chef du gouvernement. Aiujourd'hui, après la victoire du PJD et le blocage politique, les membres du PJD pensent sérieusement à voir Benkirane maintenu en place, à la direction du parti. Lors du conseil national du parti, qui se tiendra le 12 février prochain, Abdelilah Benkirane fera un exposé politique très attendu. Il apportera les explications du retard de la formation du gouvernement et la question de l'organisation du Congrès sera centrale. Et il se posera aussi la question du troisième mandat au secrétariat général. Les statuts du PJD limitent le nombre de mandats à la fonction de secrétaire général à deux. Mais on se souvient qu'en 2008, le parti de l'Istiqlal avait amendé ses statuts pour permettre à son SG, s'il est en situation de chef du gouvernement, de postuler à un troisième mandat exceptionnel et ès-qualité. Il semblerait qu'une frange du PJD s'oriente vers cette solution, afin, disent les partisans du maintien de Benkirane à la tête du parti, d'éviter l'antagonisme éventuel entre le chef du gouvernement et le chef du parti. Ainsi, puisque Benkirane paraît assuré de former son gouvernement, il y a de fortes chances pour qu'en juillet, date du Congrès, un amendement des statuts ait été effectué dans l'intervalle pour lui permettre de briguer, et d'obtenir, un 3ème mandat. L'année passé, le parti était divisé, une grande patrie des membres refusant le 3ème mandat, pour éviter l'instauration de la culture du zaïm (leader), et une minorité était favorable à voir Benkirane rester en situation. Cela est d'autant plus étrange de voir une majorité vouloir le départ de Benkirane que le PJD sans son chef actuel ne serait pas le même, et aussi en raison de l'arrivée d'un autre bulldozer, d'un genre nouveau, sur la scène politique nationale, en la personne d'Aziz Akhannouch qui a réussi à assurer son emprise sur 3 partis en plus du sien, en l'occurrence l'UC, le MP et… l'USFP. Il serait donc intéressant d'assister à la configuration du bras de fer, au sein de la majorité et du gouvernement, entre un Benkirane usé mais toujours aussi mordant, et un Akhannouch qui, sous des dehors avenants, peut se révéler d'une grande férocité.