Et c'est finalement le président du Conseil national de l'USFP Habib Malki qui a été élu président de la Chambre des représentants, cet après-midi du 16 janvier. Le PJD n'a pas présenté de candidat(e) et l'Istiqlal a préféré se retirer, laissant la porte ouverte à l'élection de Malki, candidat unique, qui a donc obtenu les suffrages de 198 députés, 137 nuls et 7 annulés. Une séance inhabituelle, où tous les pronostics étaient ouverts. Il avait été question que le PJD présente un candidat, voire une candidate, mais il n'en a rien été au final ; les élus du parti voteront donc blanc. L'Istiqlal, après avoir annoncé qu'il « réfléchissait » à une candidature, a fini par jeter l'éponge et son groupe a quitté l'hémicycle. Quant au PAM, il a décidé de voter pour le candidat USFP Habib Malki, emboîtant le pas au RNI, à l'UC et au MP. Il semblerait donc que les députés RNI, UC, MP, PAM et USFP étaient tous présents, leurs députés totalisant 205 élus. Si on ôte les 7 bulletins invalidés, cela laisse l'exact score de 198 voix qu'a obtenu Habib Malki. Et maintenant ? En première lecture, à chaud, et puisque Habib Malki a atteint le seuil fatidique des 198 députés, cela signifie qu'Abdelilah Benkirane ne pourrait plus disposer de majorité absolue qui investirait son gouvernement, lequel serait dès lors un gouvernement minoritaire, ce que la constitution interdit expressément en son article 88. Tous les scénarios sont alors ouverts, jusques-y compris celui d'un retour aux urnes, ou une interprétation de la constitution. On passerait alors de l'article 47, qui contraint le roi à désigner un membre du parti arrivé premier à former son gouvernement, à l'article 42, qui dispose que le roi « veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection du choix démocratique », ce qui en clair, signifie qu'il pourrait désigner à la tête du gouvernement un homme (ou une femme) qui pourrait réunir une majorité absolue des députés. Cela suscitera certes l'indignation du PJD et de ses amis, mais telle est « la protection du choix démocratique » car sur les 6,5 millions de votants, 1,6 a voté pour le PJD et 4,9 contre lui. Dans l'intervalle et en attendant l'élection du bureau de la Chambre et des commissions (celle de la législation devant revenir à l'opposition), la loi portant ratification de l'Acte constitutif de l'Union africaine sera adoptée dans la semaine, puis examinée par la Chambre des Conseillers qui l'adoptera également rapidement, avant sa parution au Bulletin Officiel. De fait, les instruments de ratification seront déposés à temps pour le Sommet de l'UA. On reviendra alors à notre imbroglio national...