Vendredi 23 décembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à la quasi-unanimité une résolution exigeant l'«arrêt immédiat et complet des activités israéliennes de colonisation dans les territoires palestiniens occupés », y compris Jérusalem-Est. Les Etats-Unis ont choisi de ne pas opposer leur veto, se contentant d'une abstention, ce qui représente un sérieux camouflet pour Israël et son Premier ministre Benyamin Netanyahou. Et ainsi donc, Washington a radicalement et spectaculairement renoncé à sa position traditionnelle de protection systématique de Tel Aviv. Les 14 autres membres du Conseil de sécurité ont eux voté en faveur du texte, Royaume-Uni compris. Cela a déclenché la joie des Palestiniens, comme le montre la réaction de Nabil Abou Roudeïna, porte-parole de la présidence palestinienne : « Il s'agit d'une condamnation internationale unanime de la colonisation et d'un fort soutien à une solution à deux Etats », a-t-il proclamé. Confirmation du « camouflet » dans la réaction du Premier ministre israélien, dont les relations avec le président américain sortant ont toujours été très mauvaises, voire houleuses : « L'administration Obama a non seulement échoué à protéger Israël contre cette ligue anti-israélienne à l'ONU, mais elle s'y est également associée en coulisses. Ce soir, les Etats-Unis ont abandonné leur allié, leur seul ami au Moyen-Orient ». Au départ, c'est un premier texte égyptien soutenu par la Ligue arabe qui devait être présenté jeudi soir au vote du Conseil de sécurité et les Etats-Unis avaient fait savoir qu'ils ne s'y opposeraient pas, à défaut de le voter. Mais le gouvernement israélien avait multiplié les contacts à Washington pour éviter que la résolution passe. Netanyahou a même contacté directement le président élu Donald Trump – dont une promesse de campagne était de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël – et lui a demandé de peser sur Le Caire, ce que Trump a fait, et ce en quoi il a réussi. Mais d'autres pays du Conseil de Sécurité (Nouvelle-Zélande, Venezuela, Malaisie et Sénégal, avec le soutien de la France) ont repris le texte à leur compte, allant vers le vote que Tel Aviv voulait éviter, connaissant la position de l'administration Obama. Cette gifle assénée par ce dernier s'explique par les relations exécrables qu'il entretient avec Benjamin Netanyahou depuis toujours, les deux hommes n'étant jamais parvenus à s'entendre, et encore moins à s'apprécier. On peut voir aussi dans l'abstention américaine l'un des derniers legs diplomatiques du président américain, lui qui, à l'inverse de ses prédécesseurs, s'est finalement peu investi pour tenter de relancer le processus de paix au Proche-Orient, mais qui a voulu à la fin de ses mandats signifier et prendre acte de l'illégalité de la colonisation américaine. « Les circonstances ont dramatiquement changé. Depuis 2011, l'accroissement des colonies n'a fait qu'accélérer », a expliqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, à l'issue du vote de ce vendredi. En effet, depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama en 2009, le nombre de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est a augmenté de près de 100.000, selon Ben Rhodes, le conseiller diplomatique du président américain, portant leur nombre à près de 600.000 dans l'ensemble des Territoires palestiniens, annihilant sur le terrain tout hypothétique Etat palestinien à venir. Cette décision américaine sonne aussi comme une « libération » du président Obama des pressions de sa charge, avec l'influence étouffante du lobby sioniste aux Etats-Unis. Et cela se confirme également par le soutien apporté par la France, qui a désormais un président lui aussi libéré de ses contraintes, ne se présentant pas pour un second mandat. Les positions de Washington, de Paris et même de Londres qui a voté la résolution, montrent l'essoufflement de la puissance d'Israël dans les pays occidentaux et affichent aussi très clairement que dans leurs esprits, les dirigeants de ces Etats considèrent la politique israélienne comme agressive et illégale.