Le Conseil de sécurité a voté le texte vendredi, l'abstention des Etats-Unis ayant permis l'adoption de la première résolution de l'ONU depuis 1979 condamnant Israël pour sa politique de colonisation. Le texte stipule, entre autres, que les colonies israéliennes «n'ont pas de valeur juridique» et sont «dangereuses pour la viabilité d'une solution à deux Etats». «Honteuse», «absurde»: Israël a fait pleuvoir les critiques sur la résolution contre les colonies adoptée à l'ONU, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'en prenant plus particulièrement au gouvernement Obama, qui aurait enfin montré son «véritable visage». «La décision qui a été prise est biaisée et honteuse, mais nous la surmonterons (...) cela prendra du temps mais cette décision sera annulée», a déclaré M. Netanyahu lors d'une cérémonie retransmise à la télévision israélienne samedi. De son côté, le président élu américain Donald Trump a regretté dans un tweet samedi cette «grande défaite (...) pour Israël», estimant que cette résolution allait rendre «beaucoup plus difficiles» les négociations de paix. «Dommage, mais nous y arriverons quand même!», a-t-il encore tweeté après ce vote lors duquel les Etats-Unis se sont abstenus au lieu de mettre leur veto, ce qui constituait un renversement de leur position habituelle sur ce dossier. Dès vendredi, Donald Trump avait déjà promis sur Twitter qu'après sa prise de fonction, le 20 janvier, «les choses seraient différentes» à l'ONU. - ‘Ligue anti-israélienne' - Benjamin Netanyahu, qui entretient des relations notoirement exécrables avec l'actuel président Barack Obama, s'en est pris à son gouvernement, qu'il a accusé d'avoir fait «un coup anti-israélien honteux aux Nations unies». Netanyahu a affirmé qu'Obama avait brisé un engagement américain datant de l'époque du président Jimmy Carter de ne pas «dicter les termes de la paix à Israël au Conseil de sécurité des Nations unies». Un haut responsable israélien, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, avait estimé plus tôt dans la journée que l'abstention des Etats-Unis à l'ONU révélait «le véritable visage de l'administration américaine». «Maintenant, nous sommes en mesure de comprendre avec qui nous avons eu affaire ces huit dernières années», avait-il ajouté. Même si la résolution ne prévoit pas de sanctions contre Israël, les responsables israéliens craignent qu'elle ne facilite les poursuites à la Cour pénale internationale et n'encourage des sanctions contre les produits des colonies. Vendredi, dans un communiqué, les services de Netanyahu avaient accusé le gouvernement Obama de s'être «associé en coulisses» à la «ligue anti-israélienne» à l'ONU. L'Etat hébreu «attend avec impatience de travailler avec le président élu Donald Trump et avec tous nos amis au Congrès, Républicains comme Démocrates, pour neutraliser les effets néfastes de cette résolution absurde», selon le communiqué. Washington, plus important allié d'Israël, a traditionnellement servi de bouclier diplomatique à l'Etat hébreu en le protégeant des résolutions de l'ONU. Mais, frustrés par des années d'efforts diplomatiques infructueux, les Etats-Unis ont justifié leur abstention par l'impact de la colonisation sur la recherche de la paix au Proche-Orient. «On ne peut en même temps défendre l'expansion des colonies israéliennes et une solution à deux Etats», comme le fait Benjamin Netanyahu, a déclaré l'ambassadrice américaine aux Nations unies Samantha Power. ‘Un grand camouflet' La résolution votée vendredi exhorte Israël à «cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Al Qods (Jérusalem-Est) affirmant par ailleurs que les colonies israéliennes «n'ont pas de valeur juridique» et sont «dangereuses pour la viabilité d'une solution à deux Etats». En réaction, Netanyahu a très vite annoncé une réévaluation de «tous les engagements d'Israël avec l'ONU (...) et la présence en Israël de représentants de l'ONU». Il a précisé qu'il avait donné l'ordre de réduire de 30 millions de shekels (environ 7,5 millions d'euros) le financement par Israël de cinq organismes de l'ONU «particulièrement hostiles» à Israël. Nabil Abu Roudeina, un porte-parole du président palestinien, Mahmoud Abbas, a qualifié cette résolution de «grand camouflet» pour Israël, estimant qu'il s'agissait «d'une condamnation internationale unanime de la colonisation». Pour le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, il s'agit «d'un jour historique» et d'une «victoire (...) du droit international».Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a dit espérer que cette résolution fasse naître «un élan permettant d'intensifier les appels pour pousser la partie israélienne à se conformer à cette résolution et à l'ensemble des décisions internationales liées à l'arrêt de la colonisation».