C'est le genre d'histoire qui ne doit même pas exister, dans un pays où la scène politique se respecte et respecte ses électeurs… le genre d'affaires qui, au Maroc, justifie la désaffection populaire pour les opérations de vote. Une guerre des déclarations, où chacun accuse l'autre de mensonge. Sur le chômage ? La croissance ? L'endettement ? Non, sur une broutille. A lire les titres des médias des uns et des autres, on se croirait devant un véritable scandale d'Etat, comme quelques-uns que nous connaissons aujourd'hui. Mais il s'agit simplement d'un échange d'insultes sur qui a menti à qui et comment sur… la correspondance adressée par Ilyas el Omari à Abdelilah Benkirane pour assister à la cérémonie inaugurale de la MedCop qui s'est tenue dernièrement à Tanger. Les faits. La Région organisatrice de l'événement a invité le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à venir à Tanger. Il n'y est pas allé. Les medias se sont étonnés de cette absence, et Benkirane s'est senti un peu dans les cordes. Il a expliqué que, invité en sa qualité de chef de parti, il avait choisi de ne pas faire le déplacement pour ne pas semer la confusion dans les esprits des gens, eu égard à la solide hostilité que se vouent le PAM et le PJD. Et Ilyas el Omari a encore affirmé lors d'une émission télé mardi 26 que Benkirane avait été invité en sa qualité de chef de gouvernement. Alors le site du PJD a sorti un document montrant l'invitation adressée à Benkirane comme chef du parti. Titre du site PJD : « Ilyas el Omari, héros d'un nouveau scandale à la télévision ». Et bien sûr, le PAM ne se l'est pas tenu pour dit, exhibant un autre document, l'invitation de Benkirane comme chef du gouvernement. Déclaration de Souhaïla Riki, l'une des porte-flingues d'el Omari, sur la page officielle du PAM sur Facebook : « Marocains, le chef du gouvernement ment, le PJD ment… ». et nous vous faisons grâce des autres échanges, du même tonneau. Ce qu'il s'est passé, comme toujours dans ces cas, est que la Région a adressé ses invitations à tout le monde. Et comme Benkirane a une double casquette, on lui a envoyé une double invitation, chacune pour une qualité différente. Cela vaut-il toute cette polémique par médias interposés, et par insultes savamment dosées ? A un peu plus de deux mois d'un scrutin où chacun se veut et se voit vainqueur, le PAM et le PJD, tous les coups semblent désormais permis, même les plus ridicules, même les plus insignifiants. Les grands perdants sont la démocratie dans ce pays et la qualité du débat politique. Et tant el Omari que Benkirane en sont responsables, manquant manifestement d'arguments à faire valoir pour leurs partisans.