Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a pris, jeudi, ses fonctions pour un second mandant de six ans à la tête du Venezuela, dont la légitimité est contestée par une partie de la communauté internationale. Selon les médias locaux, Maduro (56 ans) a prêté serment devant la Cour suprême de justice (TSJ), à Caracas, en présence notamment de quatre chefs d'Etat de la région, pour un second mandat, qualifié d'illégitime et non reconnu par l'opposition et une bonne partie de la communauté internationale, dont les pays du Groupe de Lima et les Etats-Unis. « Je jure, au nom du peuple vénézuélien (…) je jure sur ma vie », a déclaré M. Maduro devant le président du TSJ, Maikel Moreno qui lui a remis l'écharpe présidentielle, sous les applaudissements de l'assistance. Le serment est un engagement qui vise à « défendre l'indépendance et l'intégrité absolue du pays, à apporter la prospérité sociale et économique » au peuple vénézuélien et à « construire le socialisme du XXIe siècle », a ajouté Maduro lors de la cérémonie d'investiture. La légitimité du second mandat de Maduro a été contestée par l'opposition vénézuélienne et de nombreux gouvernements étrangers, qui ne reconnaissent pas les résultats des élections de mai dernier au cours desquelles le chef de l'Etat a été réélu avec près de 70% des voix. Ce scrutin, boycotté par les principales figures de l'opposition, a été remporté haut la main par Maduro face à des adversaires sans envergure. L'Assemblée nationale du Venezuela (Parlement), seul organe contrôlé par l'opposition, avait déclaré, samedi, illégitime le second mandat de Maduro. « Nous réaffirmons le caractère illégitime de Nicolas Maduro (…). A partir du 10 janvier il usurpera la Présidence et cette Assemblée nationale est en conséquence la seule représentation légitime du peuple », avait indiqué le nouveau président de l'Assemblée, Juan Guaido. De leur côté, les ministres des Relations extérieures des pays membres du Groupe de Lima, réunis vendredi dernier dans la capitale péruvienne, avaient indiqué qu'ils ne reconnaissent pas la légitimité du second mandat présidentiel de Maduro. Les chefs de la diplomatie d'Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, de Guyana, du Honduras, du Panama, du Paraguay, de Sainte-Lucie et du Pérou ont même convenu de la révision du statut et du niveau des relations diplomatiques avec le Venezuela, outre l'interdiction de l'entrée des responsables du gouvernement de Caracas sur le territoire des pays membres du groupe. Mardi, le ministre colombien des Relations extérieures, Carlos Holmes Trujillo avait déclaré qu'à l'instar du Pérou, les pays membres du Groupe de Lima, à l'exception du Mexique, n'autoriseront pas l'entrée sur leur territoire aux personnes liées au gouvernement de Maduro. Alors que le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a souligné que l'Organisation onusienne continuera à travailler avec le gouvernement vénézuélien lors du second mandat de Maduro, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils ne reconnaîtront pas la légitimité du président vénézuélien et promis d'augmenter la pression sur son régime. → Lire aussi : Venezuela: L'Assemblée nationale juge illégitime le second mandat présidentiel de Maduro « Les Etats-Unis ne reconnaîtront pas l'investiture illégitime de la dictature Maduro. Nous continuerons d'augmenter la pression sur ce régime corrompu, de soutenir l'Assemblée nationale démocratique et d'appeler à la liberté et la démocratie au Venezuela », a écrit sur Twitter le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton. Pour sa part, l'Union européenne a dénoncé, par voie de sa cheffe de la diplomatie Federica Mogherini, le nouveau mandat de Maduro remporté après des « élections non démocratiques », tout en menaçant de prendre des « mesures appropriées » en cas de nouvelles atteintes aux droits de l'Homme et à l'Etat de droit. Au niveau de la région, le président paraguayen, Mario Abdo Benítez, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Venezuela et décidé de fermer l'ambassade de son pays à Caracas. Le Pérou a, de son côté, indiqué avoir rappelé pour consultation la Chargée d'affaires de son ambassade à Caracas, Rosa Alvarez, qualifiant d' »illégitime » le second mandat de Maduro. Quant à l'Organisation des Etats américains (OEA, basée à Washington), elle a tenu une session extraordinaire sur la situation dans ce pays sud-américain au cours de laquelle elle approuvé une résolution visant à déclarer « illégitime » le gouvernement de Maduro. La résolution « appelle à de nouvelles élections présidentielles avec toutes les garanties nécessaires pour un procédé libre, juste, transparent et légitime », explique le texte, adopté par 19 voix (6 contre, 8 abstentions et 1 absence). La cérémonie d'investiture de Maduro s'est déroulée en présence notamment des présidents de Bolivie, Evo Morales, du Nicaragua, Daniel Ortega, de Cuba, Miguel Díaz-Canel et du Salvador, Salvador Sánchez Cerén. Le Venezuela est confronté depuis 2014 à une crise économique et sociale inédite qui a contraint, selon l'ONU, trois millions de personnes à prendre le chemin de l'exil à travers le monde. Selon des chiffres publiés récemment à Genève, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont indiqué que les pays d'Amérique latine et des Caraïbes accueillent, à eux seuls, 2,4 millions de ces réfugiés et migrants vénézuéliens. La Colombie accueille le plus grand nombre avec plus de 1 million de personnes, suivie du Pérou (500.000) de l'Equateur (plus de 220.000), l'Argentine (130.000), le Chili (plus de 100.000) et le Brésil (85.000).