Les Etats-Unis sortent encore plus fracturés des élections de mi-mandat. Malgré les commentaires de la presse américaine anti-Trump, force est d'admettre que les Républicains sortent renforcés de cette consultation. Consultation qui, traditionnellement, est mauvaise pour le pouvoir en place. Beaucoup de commentateurs attendaient de ces élections, un coup de frein net à la politique du Président américain et à l'effritement de son bloc électoral. Que nenni, Trump garde un parti républicain soudé autour de lui et un corps électoral intact, voire renforcé dans certains Etats. L'élection de tous les gouverneurs soutenus par Trump en donne la preuve. Les Républicains qui gardent le contrôle du Sénat et les Démocrates qui récupèrent la majorité à la Chambre des représentants ont de quoi célébrer. Mais le débat politique américain ne va pas y gagner en sérénité. Ces élections ont permis à Donald Trump de conforter sa majorité au Sénat, ce qui le met à l'abri de toute procédure d'enpeachment (destitution). La demi-victoire des Démocrates aux élections de mi-mandat traduit un pays clivé, à l'image de ses élus. La fracture est nette entre des Républicains qui ont largement gagné parce qu'ils étaient clairement pro-Trump et des Démocrates qui l'ont emporté parce qu'ils étaient anti-Trump. C'est raté pour tous ceux qui espéraient que cette consultation allait déstabiliser le Président américain ! Les Américains aiment toujours Trump. À mi-mandat, il est bien moins affaibli que ne l'espéraient les médias. Donald Trump est une personnalité particulièrement clivante. Mais c'est bien son parcours, sa philosophie générale et sa conception de l'action politique qui ont fait apparaître au grand jour un clivage planétaire préexistant, qu'il n'a pas créé mais simplement catalysé. L'acharnement hystérique des médias, du show-biz, de la société bien pensante urbaine, d'une partie de la finance, du clan Clinton contre Donald Trump a été vain. Ces élections ont décanté la scission de la société américaine entre deux conceptions du monde et de l'homme. Si Donald Trump va devoir s'attendre à de nouvelles tracasseries de la part d'une Chambre des représentants qui lui est désormais défavorable, freinant un peu son action, le dernier mot sera, comme la Constitution américaine le prévoit, au Sénat qui, à la fin, décide de tout. Or, les Républicains à tendance Trump y seront désormais plus majoritaires que prévu. Débarrassé de sa caste patricienne, le «Grand old party», devenu populaire ou populiste, sera trumpiste. Les Démocrates divisés continueront à chercher l'oiseau rare qu'ils pourront opposer à Trump en 2020. Une autre question majeure devient désormais centrale : la question démographique et donc migratoire. Il y a un demi-siècle, la planète comptait deux milliards d'habitants, elle en supporte dorénavant plus de sept. Les vagues migratoires incontrôlées, les atteintes à l'environnement en sont les conséquences directes, ainsi que des guerres et des tensions inter-ethniques et religieuses dramatiques. Enfin, sur les plans géostratégique et militaire, Donald Trump veut en finir avec la guerre froide et les dispositions coûteuses pour y faire face, comme l'OTAN. Il va rechercher de nouveaux accords de partage des zones d'influence avec Poutine et plus tard, avec la Chine. Il veut transférer le coût de fonctionnement de l'OTAN à ses alliés européens et, avec la récupération de ce budget, permettre à son industrie militaire de rattraper son retard sur les équipements militaires russes, surtout nucléaires.n