Comme à l'accoutumée, les Mardis du Tourisme, un cycle de conférences qui s'adresse à tous les acteurs publics et privés concernés par le tourisme au Maroc, a tenu sa huitième édition ce mardi 13 novembre à Casablanca. Pour cette conférence-débat, les acteurs du tourisme ont invité Said Mouline, Directeur Général de l'Agence Marocaine pour l'Efficacité Energétique (AMEE), pour débattre sur l'énergie et le tourisme. Prétexte pour les acteurs du tourisme ainsi que les participants d'aborder le changement d'heure que l'on justifie par un souci d'économie d'énergie. Said Mouline en a profité pour répondre aux questions de MAROC DIPLOMATIQUE sur ce sujet brûlant de l'actualité sur lequel Souad Mekkaoui, la Directrice du journal, avait écrit une papier. Monsieur Said Mouline, bonsoir et merci d'avoir accepté nous accorder cette interview. Ce soir nous parlons d'énergie et tourisme, qu'est-ce que l'efficacité énergétique pour les acteurs de la chaîne touristique ? Bonsoir c'est un plaisir. D'abord les hôteliers. Ils ont des bâtiments qui consomment de l'énergie donc il est important de discuter sur comment réduire le gaspillage, comment utiliser les nouvelles technologies aussi bien en éclairage, en climatisation en chauffage, qu'en cuisine. Dans tous ces secteurs, il y a de l'énergie qui est consommée. Il faut réduire le gaspillage et utiliser les nouvelles technologies, qui sont plus performantes ou carrément produire sa propre électricité avec des toits solaires. Il y a des success-stories, il faut le montrer. Aujourd'hui, c'est une opportunité pour non seulement respecter l'environnement, mais réduire sa facture énergétique pour l'hôtel. →Lire aussi : Tourisme et migration : La Méditerranée pour le meilleur et pour le pire L'autre volet important, c'est le transport. Dans ce secteur, il y a beaucoup de transport. Là aussi, dans la mobilité, il y a beaucoup d'économies à faire et, bien sûr, il y a les formations éco-conduite, il y a aussi les nouvelles technologies pour les voitures qui consomment moins ou même les voitures hybrides et électriques. Donc, chaque cas est à étudier avec un modèle économique, un modèle environnemental ou social. Tout ceci nécessite des investissements, des financements, de la formation et de la sensibilisation. Et un dernier point, il s'agit des comportements. Changeons les comportements dans le secteur, c'est très important. Et surtout montrer à ceux qui viennent que notre pays a une politique de développement durable portée au plus haut niveau de l'Etat, et que cet avantage est sur tous les secteurs. Le tourisme est très important pour nous, mais il faut qu'on pense à l'économie d'énergie, à la gestion des déchets et tout cela en parallèle avec le développement. Est-ce qu'il y a des mesures spécifiques au secteur qui sont prises ? Aujourd'hui, il y a des outils financiers existants que les industriels touristiques portent avec engagement. Il y a des actions qui sont menées dans les hôtels pour des audits énergétiques que mène l'agence, donc il y a des accompagnements mais beaucoup de sensibilisations sont nécessaires et c'est l'objectif de cette rencontre. →Lire aussi : COP 23 : La "success-story" marocaine montre que la transition énergétique est à la portée des pays de sud Est-ce qu'il y a des dispositions « bonus/malus » qui encourageraient les acteurs privés à adopter les mesures environnementales en générale et dans le giron énergie en particulier ? Aujourd'hui, il y a des accompagnements. Quand je parle des financements, il y a des subventions pour accompagner les hôteliers pour s'équiper pour faire l'économie d'énergie. Il y a aussi des actions de formation qui sont importantes pour réduire sa consommation et pour sensibiliser, voilà un peu ce qui est fait. Cependant, il n'y a pas de « bonus-malus », il n'y a pas de taxes sur celui qui gaspille, disons pas encore, mais aujourd'hui, nous sommes dans un schéma où il y a des accompagnements. Au cours de ce débat, nous avons vu les participants, à l'image d'une grande partie des citoyens marocains, montrer leur frustration sur le maintien de l'heure d'été. Est-ce que réellement le Maroc peut économiser de l'énergie à travers cette décision ? Le GMT +1 a été fait dans le monde entier, pas pour embêter les gens, mais c'est fait pour de l'économie d'énergie. C'était après le deuxième choc pétrolier. Donc on ne change pas d'heure par idéologie, mais à travers une étude sur les impacts économiques. Beaucoup de pays l'ont adopté ou vont l'adopter parce que la consommation a évolué et les économies la subissent. Notre pays fait de l'économie d'énergie grâce au GMT +1 et c'est une réalité très importante. Il y a un impact économique global et sur la sécurité, c'est annoncé par le ministre de l'intérieur. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, il faut continuer à expliquer et à sensibiliser car, il n'y aura plus de changement d'heure, le fuseau horaire choisi, c'est celui qui est aligné sur des pays voisins tels que l'Espagne, l'Algérie…désormais nous serons sur la même heure. C'est un point positif à ce niveau. C'est pour ça qu'il faut expliquer tous les impacts, économique, sécuritaire, etc. et montrer qu'on n'est pas géographiquement décalé par rapport à ce GMT+1. Il faut le montrer car c'est sur la carte, nous sommes alignés à ce fuseau. Entretien réalisé par Ababacar Sadikh TOP