Pathétique et touchante la vidéo publiée dernièrement sur Youtube par la célèbre bloggeuse allemande, Susi Cruz, sur son passage mélodramatique à Chaouen. Elle aurait, au terme de la deuxième journée de son séjour, été victime de harcèlement de la part, dit-on, d'un « faux » guide l'obligeant à regagner l'Europe presto illico à bord de son Van, son domicile ambulant pour seule compagnie dans ses périples à travers le monde. La globe-trotteuse aurait même, selon ses déclarations, été molestée et délestée de son sac et de son argent, exceptée sa caméra qui comportait pourtant une séquence où le mis en cause accueillait avec chaleur la victime chez lui et partageait visiblement avec elle des moments de discussion amicale sachant qu'il était filmé. Bizarre ! Qu'importe, cette maudite video s'est répandue sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre, alimentant les échanges sur les réseaux sociaux et constituant même matière à écrire pour la presse. Contre-attaque ? Bouche cousue. Et faux guide ou pas, le mal est déjà fait et pose réellement problème. L'image de la destination est momentanément maculée, elle pourtant qui ne cesse de monter en flèche, gagnant progressivement les faveurs des touristes les plus difficiles à satisfaire comme les asiatiques qui ont fait exploser les chiffres en arrivées, ou les stars du schow biz et autres célébrités qui aiment se faire photographier au milieu des bleus de la médina en en vantant la plénitude, la sécurité et la tolérance, largement répercutés sur leurs profils Instagram. Le positionnement privilégié de Chaouen en tant que destination écolo et de paix sera-t-il, pour autant, entamé par la video de Susi ? Le formidable travail accompli, en connaissance de cause, par les autorités locales, très vigilantes quant au développement touristique, tomberait-il à l'eau ? Les professionnels locaux, nettement très solidaires, perdraient-il de leur crédit et, partant, de leur clientèle ? Les prochains jours ne le diront. Que la mésaventure de Susi soit un cas isolé est fort probable. Car on répertorie rarement ce genre d'incident même dans les coins les plus reculés du pays, en montagne et même en cavernes perdues dans le fin fond des montagnes marocaines ou en plein désert. Les bloggeurs et les bloggeuses, le Maroc en reçoit des contingents entiers à grands renforts, la plupart des filles dont la beauté dépasse, avec nos respects, celle de Susi pour être tenté d'en faire la connaissance de plus près. Si nous nous permettons la comparaison, ses traits caucasiens mais étonnamment beaux ne peuvent constituer un mobile pour être harcelée au point de laver son chagrin avec des larmes filmées. →Lire aussi: Les actes de mauvais traitement et de harcèlement contre les travailleuses marocaines en Espagne « restent très isolés » Le faux guide est assez beau et bien portant pour être tenté par quelque chose d'autre que par la rémunération qui l'attend pour son service. On ne le défend pas mais on constate des faits contenus dans la vidéo d'environ une demi-heure de Susi. C'est prouvé : Les marocains ne sont pas sur le point d'être atteints par le « syndrome égyptien » où le harcèlement bat son plein et va jusqu'au viol. On n'a jamais entendu parler de violeurs faisant le guet à tous coins de rue prêts à passer à l'action. Sinon, Chaouen ne serait pas l'une des destinations préférées nouvelle tendance, pourtant une ville conservatrice. Nous ne prenons le parti de personne sinon celui de la logique des choses dans leur conteste. Nous compatissons sûrement avec Susi et partageons sa peine, son choc peut-être émotionnel, des souvenirs douloureux éventuels ou le poids de la solitude stressante. Oui. De tels actes sont condamnables. Les faux guides sont condamnables. Le silence de l'administration du tourisme est condamnable. Heureusement que la DGSN soit la première à réagir à travers la publication d'un communiqué explicatif. Mais les autres organes directement concernés ? Sans commentaire ! Les professionnels locaux que nous avons pu joindre semblent sereins et se complaisent dans « l'exception » touristique de la destination. Visiblement euphorisés par le boom du produit, ils se disent confiants et que le cas de la bloggeuse victime est un cas isolé. Sans plus. Sans stratégie. Tout va bien Mme la Marquise. Hamdoullah. Erreur, Susi a plus de 80 mille lecteurs qui croient en elle, donc autant de clients potentiels de perdus, sinon plus en effet de boule. En est-on conscient pour en minimiser l'impact ? Il est, en effet, inconcevable que la crise de la communication digitale perdure de cette façon passéiste chez l'administration du tourisme, au point de laisser aller quand il y a risque en la demeure. Pardi, où sont ces promesses de « bienveillance », à tous les niveaux, dont se targuent le ministère du Tourisme et l'ONMT au nom du digital auquel on a institué même des départements dédiés? Où est-ce qu'elle est cette communication digitale fallacieuse et cette prétendue présence dans les réseaux sociaux pour parer au pire ? Se complairaient-ils toujours dans les folklorique et les clichés ? Quels sont les moyens déployés pour une contre-attaque intelligente et efficiente dans les règles ? Mieux : qu'en dit la CNT ? Où en est la stratégie digitale du CRT Tanger-Tétouan Al Hoceima pour contenir la situation? Qu'a-t-on fait pour calmer Susi 24 heures après le malheureux fait divers, certes, qui peut arriver dans n'importe quel pays du monde mais cela ne veut pas dire qu'on doit dormir sur ses lauriers de Jacques le fataliste ? D'accord, il n'y pas lieu de s'alarmer, mais cela n'autorise pas à ne point réagir. Estimons-nous heureux. Ce que Susi a soufflé par le chaud l'a éteint par le froid quand elle annonce que le Maroc est un beau pays et que sa population est hospitalière. Ouf ! On est sauvé, mais jusqu'à quand ?