Clôture en apothéose du Festival national de la poésie d'Imouzzer Kandar, dont la 17ème édition s'est déroulée dans la coquette perle du Moyen-Atlas du 13 au 14 avril en présence d'un aréopage de poètes, d'artistes et d'intervenants culturels de tous bords venant tant du Maroc que de l'étranger. Car, ce rendez-vous annuel dédié à la création poétique d'excellence se déclinant via un outil idiomatique pluriel (Langue arabe, amazighe et francophone), grâce à la persévérance de ses initiateurs durant presque deux décennies, a assurément acquis ses lettres de noblesse et ambitionne, à juste titre, de se positionner à l'international. A preuve, l'édition actuelle est placée sous le signe de « L'Afrique au cœur de la création poétique ».Elle est dédiée à la mémoire du grand poète soudanais Mohamed Al Faitouri dont l' œuvre esthétique, dense, prolifique et engagée , célèbre l'hymne orphéique à la gloire du socle identitaire négro-africain, ses paraboles symboliques, les valeurs intrinsèques dont il se ressource en profondeur. Autant de fulgurances scripturales et métaphoriques qui font la part belle à la thématique de l'exil, l'anxiété existentielle inhérente à la souffrance de l'homme noir, en proie aux humiliations d'essence coloniale, aux exclusions protéiformes et à l'ostracisme. Témoignages et analyses critiques émanant de connaisseurs patentés tels le professeur Mohammed Guennouni, le philosophe Driss Katir, les critiques Mohammed Zelmat ,Khalid Touzani et Abdelaziz Taki, Naima Chehboune,l'animatrice radio Asmahane Ammour, le dramaturge Abdelhaq Zerouali et l'ambassadeur du Soudan au Maroc, par ailleurs homme de lettres et des arts, Souleimane Abd Al-Taouab Ezzine , sont unanime à dégager les qualités humanistes et universelles d'une icône de la Négritude qu'on compare volontiers à Léopold Sédar-Senghor et à Aimé Césaire, mais qui ,au surplus, focalisait sur le poids de l'ancrage de la dimension de l'arabité et de l'islam se greffant sur cette spécificité ethnico-géographique et civilisationnelle intrinsèque. En effet, rarement poète n'a mobilisé son écriture au service des causes lancinantes afférant à l'homme dans sa dimension universelle, en se présentant comme un arpenteur des aires culturelles diverses et différenciées. D'où notamment son amour indélébile pour le Maroc. N'oublions pas que feu Mohamed Al Faitouri, décédé en 2015, a élu la terre du Maroc comme ultime sépulture. Autre hommage –et non des moindres- dédié aux passeurs de la création symbolique et aux artisans de la médiation culturelle dans notre pays, le choix des responsables de « l'association Le Phoenix pour la communication et la création culturelle », instance organisatrice du festival, s'est porté sur le journaliste et homme de radio patenté Moulay Lhoussaine Elamrani, icône incontestée du paysage audiovisuel national et figure emblématique des ondes de la radio nationale, pendant trois décennies durant lesquelles, hormis un travail inlassable de revalorisation du patrimoine immatériel national, il n'a eu de cesse d'explorer des continents inédits de la réalisation radiophonique où ,s'écartant des sentiers battus et allant à contrecourant d'une propension récurrente, sinon fossilisée à la langue de bois, a su fidéliser l'auditeur par le recours aux émissions innovantes, interactives et de proximité au cours desquelles sont interpellées les catégories socioprofessionnelles dites « en marge » de la norme, en l'occurrence, la société productive institutionnelle. Autre volet essentiel de cette manifestation qui affiche pour vocation fondatrice la valorisation des talents poétiques locaux dans une ambiance d'émulation créative en présence des grands ténors de la poésie marocaine comme Amina Lemrini, Abslam Bouhjar, Mohamed Rabbaoui,Ouafaa El Amrani,Abdellatif Benyahya,Allal El Hajjam,Abdelkrim Tabbal, Abennacer Loukah ,et bien d'autres icones naguère habituées du festival. Pour cette édition, le public d'Imouzzer Kandar a vibré à l'unisson de voix poétiques prégnantes, celles de Mohammed Chennouf,Mustapha Lakhtassir ,Zine -el-Abidine El Yassari, Said Ahed, Fatima-Zahra Amsguine, Malika Dribine, Ahmed Hajjam, Abdallah Benaji, Nourreddine Derrar, Mustapha Kallouchi, Hamid Benkhibech, Amina El Azhar. L'Egyptien Seid Fathi et Le Jordanien Jihad Abou Mahfoud ont étoffé le panel arabe. Selon Abdallah Arfaoui, président de l'association le « Phoenix » : « Cette ouverture sur l'expérience de poètes venant de divers horizons, illustre à souhait l'engagement du Festival national de la poésie d'Imouzzer Kandar à contribuer au développement de l'art poétique à l'échelle régionale et nationale, en créant une plateforme de rencontre et d'échange de visions et d'approches scripturales entre les créateurs nationaux et leurs homologues étrangers ,notamment africains et arabes ». Initié avec le soutien du ministère de la Culture, la commune urbaine d'Imouzzer Kandar, cette manifestation artistique a réussi à s'imposer au fil des années comme un rendez-vous artistique et culturel incontournable qui vise à encourager la créativité chez les jeunes, aiguise l'esprit critique du public et s'évertue à mettre l'art au service du développement durable économique et social de la cité. Dans cette optique, le festival qui réunit aussi une pléiade de chanteurs et d'artistes, dont le groupe « Oulfat AL Ghiouane » de Séfrou, Hamid Zemmouri ,l'ensemble Tamazgha d'ahidous, devait rendre également un vibrant hommage aux artistes et aèdes amazighs de renom dont Driss Asseradi pour leur contribution à la chanson et à la culture marocaine.