Par Hassan Alaoui Depuis quelques mois, l'adhésion du Maroc à la CEDEAO semble agiter les esprits. Et la réunion organisée ces 16 et 17 décembre à Abuja (Nigéria) des chefs d'Etat membres reste marquée par le processus en cours de cette intégration dont le principe, acquis et entériné, attend sa mise en œuvre. La quasi-totalité des membres de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest ont déjà donné leur accord en ce qui concerne la candidature de notre pays, entendu par là que le processus doit suivre son cours. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, joint par téléphone à Abuja, nous a assuré que la question de l'adhésion du Maroc à ce groupement, sera tranchée lors d'un Sommet extraordinaire des Etats de la CEDEAO, et ce en janvier prochain, autrement dit dans quelques semaines. On se posera bien entendu la question pourquoi en janvier et non aujourd'hui ? L'article 18 de la Charte de la CEDEAO stipule que les Sommet obéissent à une rotation dans les capitales différentes, sauf cas de force majeure. Il se trouve que les travaux de cette 52ème session étaient prévus et même préparés à Lomé(Togo). Mais la situation dans ce pays, marquée par des violences et des manifestations, a poussé les dirigeants de la CEDEAO à les déplacer à Abuja, comme le prévoient les textes. Ce déplacement n'a pas été de gaieté de cœur, il ajoute à un calendrier très chargé des participants au Sommet. Mais il constitue en tout état de cause un facteur majeur , autrement dit de pression, sur la tenue des travaux devant être suivis et sanctionnés par des décisions en 24 heures. Les chefs d'Etat réunis à Abuja sont confrontés à des situations extrêmement préoccupantes pour ne pas inciter les dirigeants de la CEDEAO à les prendre en main de manière urgente et dont les répercussions sur la zone de la CEDEAO restent manifestes : on peut citer la situation chaotique qui prévaut au Togo, la situation non moins grave en Guinée Bissau, le processus électoral interrompu et reporté « sine die » au Sierra Leone, la situation explosive au Niger et Mali – qui vient de provoquer un Sommet du G5 à Paris. Ces éléments objectifs, selon le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, sont pris en considération par les membres de la CEDEAO qui, pourrait-on dire, sont tenaillés par l'urgence et le calendrier très chargé. Moyennant quoi, la question de l'admission du Maroc à la CEDEAO s'inscrit aujourd'hui dans un contexte significatif. Le Sommet statutaire d'Abuja ne peut l'aborder furtivement, sans débat conforme et, surtout, sans la participation agissante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de tous les chefs d'Etat et de gouvernement membres. En août dernier, le Président de la Commission, Marcel de Souza, s'était rendu au Maroc et avait annoncé que le principe d'adhésion du Maroc était plus qu'acquis et que le 52ème Sommet – initialement prévu à Lomé – allait l'entériner officiellement. Une étude d'impact, demandée par les dirigeants à Monrovia en juin, devait paramétrer les conditions, juridiques, économiques et politiques de l'accession du Maroc à ce groupe de pays émergents qu'est la CEDEAO qui représente pas moins de 700 Milliards de dollars, une manne considérable en ressources et un marché de 320 Millions d'habitants. L'étude d'impact, demandée en juin dernier, a connu un retard considérable dans son élaboration et sa finalisation, tant et si bien que les chefs d'Etat au Sommet de ce samedi n'ont pu y accéder, ni en connaître la teneur. C'est donc un deuxième facteur – celui du retard – qui a influé à coup sûr sur l'examen de l'adhésion du Maroc à la CEDEAO. Elle sera néanmoins présentée aux chefs d'Etat participant à cette 52ème édition de la l'organisation. Il est clair, en effet, que cumulées, ces difficultés – la pression des événements, le retard de publication de l'étude d'impact – ne peuvent pas ne pas inciter les chefs d'Etat à souhaiter un Sommet extraordinaire pour annoncer juridiquement et officiellement l'adhésion du Maroc à la CEDEAO, que des traditions – économiques, sociales humaines, politiques, historiques et diplomatiques – lient de manière irréversible. Avec l'Afrique du Sud, le Royaume du Maroc demeure le partenaire le plus actif avec les pays membres de la CEDEAO, et l'accord sur le Gazoduc avec le Nigéria – signé solennellement entre Sa Majesté Mohammed VI et le président du Nigéria – témoigne à coup sûr de la vocation et de la présence de notre pays à la fois dans la région de l'ouest africain et dans le continent tout entier. C'est donc un Sommet extraordinaire dont la date sera annoncée qui entérinera prochainement l'entrée du Maroc à la CEDEAO, en présence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.