Avec la rencontre, organisée le 22 décembre à Abuja (Nigéria), la CEDEAO aurait tenu quatre sessions durant l'année en cours sans pour autant aborder la demande d'adhésion formulée par le Maroc il y a près de deux ans. Présentée en mars 2017, la question ne figure plus à l'ordre des jours des sessions de l'organisation régionale depuis décembre 2017. La 54e session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s'est déroulée le 22 décembre à Abuja. Dimanche, un communiqué final a été publié sur le site officiel de la CEDEAO, révélant les grandes lignes et les dossiers ayant été abordés par les chefs d'Etat présents à cette rencontre. Un sommet qui a examiné les rapports sur la monnaie unique de la CEDEAO, la situation politique en Guinée Bissau et au Togo, entre autres, mais pas la demande marocaine. Celle-ci n'a pas été abordée, selon le communiqué final de cette cession. Pourtant, la 51e session ordinaire tenue à Monrovia (Libéria) en juin 2017 avait donné son accord de principe à l'adhésion du Maroc au bloc régional, sachant que le royaume jouit déjà de statut d'un membre observateur. Ils avaient alors évoqué «les relations de coopération fortes et multilatérales qui lient le Maroc et les Etats membres de l'Organisation» et chargé une commission d'examiner les implications de l'adhésion du royaume. La commission avait confirmé qu'une étude d'impact sur l'adhésion du Maroc avait été réalisée et que les résultats seraient soumis à l'Autorité. «La décision devrait toutefois être examinée lors de la session de 2018 qui a eu lieu à Abuja samedi», rapporte dimanche l'agence officielle du Nigéria. Celle-ci rappelle aussi que le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale aurait déclaré que le royaume devait «attendre le premier trimestre de 2018 pour connaître la décision des chefs d'Etat de la CEDEAO, qui serait annoncée lors d'une session extraordinaire». La demande du Maroc absente des menus de quatre sommets L'absence de la demande marocaine de l'ordre du jour de cette 54e session n'est plus une surprise. Depuis près de deux ans, le Maroc et les Marocains attendent de connaître une décision finale des chefs d'Etat de la CEDEAO, sachant que le Maroc a officiellement déposé, en mars 2017, sa demande pour adhérer à l'organisation régionale. Ainsi, la CEDEAO a depuis organisé quatre sommets, le 27 janvier à Addis-Abeba en marge du Sommet de l'Union africaine (sommet extraordinaire), le 14 avril (sommet extraordinaire) et le 31 juillet à la capitale togolaise Lomé et ce dernier sommet à Abuja. Quatre rendez-vous durant lesquels les sommets ont fait l'impasse sur la demande d'adhésion formulée par le royaume. Près d'un an après la demande marocaine, ce n'est qu'en février 2018 qu'une cellule d'analyse des politiques économiques de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé l'ouverture des appels d'offre pour une étude approfondie sur l'impact économique et social de l'adhésion du Maroc à la CEDEAO, en particulier celui lié au commerce et à l'investissement au Nigéria, au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Mali et au Togo, avant le 2 mars. Pour rappel, le 52ème Sommet ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CIDIAO), qui s'est tenu à Abuja en décembre 2007, avait annoncé la création d'un comité de cinq membres chargé d'examiner la candidature du Maroc. «Une décision des chefs d'Etat» En novembre dernier, Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération africaine a évoqué, dans une interview accordée à Yabiladi, cette demande. «Le Maroc s'est engagé dans un processus avec la CEDEAO. Un processus qui suit son cours», a-t-il fait savoir. Contactée par Yabiladi, une source proche de ce dossier rappelle qu'«aucune demande d'adhésion à la CEDEAO n'a été abordée durant ce récent sommet». «Si la Tunisie a demandé d'adhérer à cette organisation en tant que membre observateur, la Mauritanie a, elle aussi, demandé à reprendre son siège de membre de la CEDEAO», ajoute-t-elle. Membre fondateur de la CEDEAO, Nouakchott avait, en effet, claqué la porte de l'organisation en 2000. Considérant que l'absence de ces sujets de l'ordre du jour du sommet émane d'une «décision des chefs d'Etat de la CEDEAO», notre interlocuteur souligne aussi que «la Commission interne chargée par les chefs d'Etat pour étudier l'impact de la demande marocaine n'a pas encore rendu son rapport». «Les chefs d'Etat ne peuvent donc pas se prononcer sur cette question en l'absence des résultats de cette étude», conclut notre source.