Après des semaines de gestations et de spéculations autour de la prochaine adhésion du Maroc à la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) que le Sommet d'Abuja (16 et 17 décembre) devait entériner définitivement, le voile vient de tomber sur le doute qui planait à ce sujet : L'adhésion du Maroc à la CEDEAO serait pour 2018. La confirmation de l'adhésion du Maroc à ce groupement sous-régional a été enlevée de l'ordre du jour du Sommet de ce samedi, par concertation étroite avec les autorités marocaines qui s'attachaient à ce que les choses soient faites dans les règles de l'art et de façon progressive et graduelle. Partant de cette démarche « sage », il est cependant, fort probable que cette question sera examinée lors d'un Sommet extraordinaire de la CEDEAO à tenir en début de l'année prochaine. Un Sommet auquel serait formellement invité SM le Roi Mohammed VI, le temps de célébrer en grande pompe cette nouvelle victoire de la diplomatie marocaine désormais, rodée et vouée à l'amplification de l'ancrage africain du Royaume. Premier argument avancé pour justifier ce report, étant l'ordre du jour de ce Sommet qui est « assez chargé », avec prééminence de questions actuelles et prioritaires pour la paix et la stabilité dans plusieurs pays de la zone, en l'occurrence la crise en Guinée Bissau, la situation tendue au Congo et au Libéria, ou encore au Togo, des sujets auxquels, il faut ajouter les questions d'ordre interne et statutaire intrinsèques à ladite Organisation. L'ajournement de cette décision qui s'elle arrive à aboutir, serait « historique » pour le Royaume, a été motivé, par la volonté de la Commission de la CEDEAO d'achever l'étape juridique de cette adhésion avant le Sommet d'Abuja, chose qui techniquement n'était pas possible surtout, s'il est à rappeler que le 4 Juin dernier le Sommet de Monrovia (Libéria) a clos ses travaux en donnant au Royaume « un accord de principe » concernant sa demande d'adhésion à la CEDEAO, tout en exigeant l'élaboration d'une étude étoffée sur l'impact d'une telle adhésion. Pour la réalisation de cette étude, des équipes de travail mixtes ont été constituées bien que le travail n'a démarré réellement et officiellement que début septembre pour que cette étude, de 70 pages, ne soit finalisée que vers le 7 décembre, soit 9 jours seulement de la tenue du Sommet d'Abuja. Un délai insuffisant pour les responsables de la CEDEAO de prendre connaissance du contenu et de passer au crible les principales conclusions de ce document. Pourtant, rien n'est inquiétant selon les dires de plusieurs experts au fait du dossier, qui soulignent que l'étude est « positive » dans sa globalité. Reste à s'atteler dans les détails sur ses principales recommandations et constats, parmi lesquels, on affirme que le Maroc n'est pas étranger à la zone ouest- africaine et que bien au contraire, il y dispose et a développé de nombreux liens humains, économiques et politiques. En outre, compte tenu de la fragilité de la situation sécuritaire dans cette zone, en raison de la porosité des frontières, la montée du terrorisme et la prolifération des crimes transfrontaliers, le Maroc qui accumule une importante expérience dans ce domaine, serait une valeur ajoutée sûre pour le groupement sous-régional, et son expertises serait d'une grande utilité. En effet, le Maroc est le mieux habilité aussi à jouer un rôle crucial au niveau du développement et du partage des renseignements, une composante essentielle en matière de lutte contre les groupes extrémistes et radicaux qui opèrent dans les vastes étendues du Sahel africain. A cela s'ajoute l'implication réelle du Maroc dans les différentes opérations de maintien de la paix, pilotées en Afrique par l'organisation onusienne. Pour rappel, en août dernier, le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel De Souza, avait déclaré au terme de son entretien, à Rabat, avec le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita que « la démarche de l'adhésion du Maroc est sur la bonne voie et va être annoncée lors du Sommet de décembre ». Justement, cette adhésion, sujet de polémique depuis des mois entre partisans et opposants qui affichent des craintes et une méconnaissance de l'importance réelle et des retombées positives de cette démarche du Royaume en Afrique, le Maroc la (adhésion) veut « progressive et graduelle ». Répondant à une question orale à la Chambre des Représentants, sur les mesures prises par le gouvernement pour mettre en œuvre l'adhésion du Royaume à ce bloc régional, Mme Mounia Boucetta, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, a expliqué, lundi 11 décembre, que trois phases d'ordres politique, juridique et technique ont été retenues pour la concrétisation de cette décision. « La première phase d'ordre politique a été accomplie avec succès après l'accord de principe des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres à la CEDEAO pour l'adhésion du Maroc à leur regroupement sous-régional, tandis que la phase juridique concerne le parachèvement des mesures de l'adhésion effective à cet espace. Quant à la phase technique, elle porte sur le lancement des négociations sectorielles entre le Maroc et l'Organisation selon une approche graduelle et réaliste qui prend en compte les spécificités et les intérêts des deux parties dans le cadre d'une vision gagnant-gagnant », a expliqué Mme Boucetta. Faut-il le rappeler aussi : la décision du Maroc d'adhérer à la CEDEAO est stratégique et à forte dimension politique et économique, comme elle intervient pour conforter les liens forts et profonds unissant le Maroc et les pays membres, dans le cadre de la vision « claire » et « clairvoyante » de SM le Roi Mohammed VI, pour une Afrique prospère et intégrée, une Afrique qui évolue et se développe sur la base d'un partenariat « win-win ». Elle s'insère aussi dans le sillage du retour du Maroc au sein de l'Union Africaine (UA), scellé en janvier 2017 à Addis-Abeba, grâce à la vision royale, et à la détermination de tout un Royaume à renforcer sa position dans tout le Continent, pour mieux aider à son intégration et booster tous les efforts de développement engagés. Plusieurs spécialistes voient dans cette adhésion une richesse inestimable pour la CEDEAO sachant que le Maroc, de par son développement économique (industrie, tourisme, banques, finances, agriculture...) aura certainement une valeur-ajoutée à apporter à ce Groupement, à commencer par les excellents partenariats tissés par le Maroc avec l'Union Européenne en particulier, et qui ne peuvent être qu'utiles pour l'Afrique de l'Ouest. Dans cette logique, l'offensive impulsée par SM le Roi au cours des dernières années en Afrique de l'Ouest a eu pour résultat « immédiat » de rendre visible « la participation active » du Royaume dans les économies locales. La région ouest- africaine est le premier partenaire commercial du Maroc en Afrique subsaharienne, avec des exportations dont la valeur est passé de « 3,2 milliards de DH en 2008 pour s'établir à 10,2 milliards de DH en 2016 », selon le rapport 2017 de l'Office des changes. Quant aux détracteurs de l'adhésion du Maroc, là où ils se trouvent, ils n'arrêtent pas d'évoquer l'idée qu'une telle entrée dans la CEDEAO ouvrirait la porte à d'autres pays qui n'appartiennent pas forcément à la zone ouest- africaine, par référence à la Tunisie qui a suivi le chemin du Maroc, et formulé une demande d'adhésion à la CEDEAO. Aussi, ils s'interrogent si « la réciprocité dans le traitement » sera respectée par le Maroc, du moment où, ses entreprises auront accès à une vaste zone de libre- échange. Idem pour la question de la libre circulation des personnes dans cet espace, serait-elle respectée ? On avance également, que l'économie marocaine n'est pas mise à niveau de manière suffisante et de ce fait, elle n'est pas encore mieux « préparée » pour adhérer à ce bloc économique sous-régional. Ils notent, dans ce sens, l'impératif pour le Royaume de mettre à niveau son économie et de développer une offre exportable qui serait « compétitive », car les pays ouest-africains bénéficient de la libéralisation du marché marocain, mais l'inverse n'est pas chose acquise. En Afrique, expliquent-ils, les accords signés par le Maroc avec ses partenaires traditionnels, sont « préférentiels » et non pas des accords de libre-échange stricto-sensu, ce qui changerait surement, toute la donne en cas d'officialisation de cette adhésion du Royaume à la CEDEAO. Entre partisans et adversaires, les experts et spécialistes des questions juridiques et économiques des deux parties oeuvrent, d'arrache-pied, pour aplatir tous les obstacles et faciliter toutes les procédures. L'adhésion du Maroc à la CEDEAO s'elle arrive à être officialisée définitivement lors du Sommet d'Abuja, il y aura tout le temps pour les petits réglages et la recherche de la perfection, car c'est un partenariat inscrit dans le temps et dans la durabilité, et qui a déjà pour socle et toile de fond, de longs siècles d'une histoire commune fondée sur le partage, le respect mutuel, et la compréhension. Le Monde actuellement impose ce genre d'union et d'intégration. L'heure est à la construction de blocs régionaux solides, intégrés et projetés sur l'avenir. Vivre en vase-clos dans un monde globalisé et mondialisé est une pure « utopie », et le Maroc est africain et le restera à jamais car, le Royaume a toujours servi et s'est pleinement engagé pour la défense des intérêts du Continent. Certes, les craintes sont légitimes car, « humaines » mais, le Maroc et l'Afrique ont tous les atouts pour mener le combat ensemble. Un combat, à la fois, légitime et juste pour la paix, la stabilité, le progrès, prospérité et le développement, dont SM le Roi a déjà, sagement, tracé le chemin et les contours, ceux d'une coopération sud-sud évolutive et adaptée, une coopération prônant la logique des gains partagés et de la prise de conscience quant à la communauté des défis et du destin.