En marge du Séminaire international coorganisé par le Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, en collaboration avec l'Université Internationale de Rabat (UIR), à l'occasion du 60e anniversaire de la Convention d'Etablissement entre le Maroc et le Sénégal, Dr. Bakary Sambe, président-fondateur du Timbuktu Institute, a livré une déclaration qui s'est voulue à la fois analytique et ancrée dans une perspective historique. Revenant sur la genèse de cette initiative, Dr. Sambe a rappelé qu'elle trouve son origine dans une rencontre à Dakar avec l'ambassadeur du Maroc au Sénégal, M. Hassan Naciri. L'objectif, selon lui, était moins de commémorer un simple événement diplomatique que de mettre en lumière les continuités historiques et les perspectives ouvertes par l'accord signé en 1964 et ratifié un an plus tard. Dr. Sambe a évoqué les liens anciens entre le Maroc et le sud du Sahara, évoquant les réseaux caravaniers, les échanges religieux et culturels, et l'émergence d'un socle doctrinal partagé dans l'Islam d'inspiration malikite et soufie. Cette continuité religieuse et intellectuelle, selon ses propos, reste un fondement important des relations entre Rabat et Dakar. Lire aussi : Le président du ministère public marocain reçoit le premier président de la Cour Suprême du Sénégal Sur le plan géopolitique, le président du Timbuktu Institute a estimé que le contexte actuel de redéfinition des équilibres mondiaux appelle à une coopération africaine mieux structurée. Il a évoqué le rôle que pourraient jouer le Maroc et le Sénégal dans cette perspective, soulignant que l'un et l'autre présentent des trajectoires de développement et de diplomatie susceptibles d'alimenter des dynamiques régionales plus larges. Prenant appui sur des exemples précis, il a mentionné les investissements réalisés dans les provinces du Sud marocain – notamment les projets liés au port de Dakhla Atlantique et aux énergies renouvelables – qu'il a décrits comme des illustrations d'une transformation en cours, porteuse d'enseignements pour d'autres pays du continent. Dr. Sambe a également fait référence à l'évolution récente du Sénégal, en soulignant les priorités affichées par le nouveau président, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son gouvernement. Il a noté que les premiers mois du nouveau pouvoir ont été marqués par un discours axé sur la souveraineté, la justice sociale et l'intégration régionale, portés notamment par la Vision Sénégal 2050. Dans un passage plus institutionnel, il a exprimé sa reconnaissance aux partenaires ayant soutenu l'organisation de cette rencontre, notamment la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc (CDG), la Caisse des Dépôts et Consignations du Sénégal (CDC), l'OCP, ainsi que l'Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI. Il a également salué l'implication des représentations diplomatiques des deux pays. Dr. Sambe a ensuite évoqué la possibilité de structurer une coopération scientifique et stratégique entre plusieurs institutions : le Timbuktu Institute, l'Université Internationale de Rabat, l'Université Mohammed VI Polytechnique, ainsi que les organes financiers des deux pays. Selon lui, une telle coopération pourrait permettre de formuler des réponses africaines aux défis régionaux et globaux, dans des domaines aussi divers que l'énergie, la gouvernance ou la recherche appliquée. Il a conclu son propos en appelant à une approche pragmatique et structurée de la coopération entre les deux pays, reposant sur des intérêts partagés et des objectifs à moyen et long terme. Un symposium international est prévu à Dakar dans les prochains mois pour poursuivre cette réflexion, dans le cadre des activités liées à la commémoration du soixantième anniversaire de la Convention.