Des scientifiques français ont réussi à maintenir un plasma pendant plus de 22 minutes – un record – dans le réacteur opéré par le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) dans le sud de l'Hexagone, a annoncé l'organisme. Le réacteur tokamak West, opéré sur le centre du CEA à Cadarache, près de Marseille, est parvenu à maintenir un plasma « pendant 1.337 secondes », « améliorant de 25% le précédent record » établi en janvier en Chine, indique le CEA dans un communiqué. Promesse d'une énergie propre, sûre, peu coûteuse et quasi-inépuisable, la fusion nucléaire fait l'objet de recherches fondamentales depuis des décennies. Elle consiste à reproduire les réactions qui se produisent au cœur des étoiles, en assemblant deux noyaux d'atomes dérivés de l'hydrogène. C'est le processus inverse de la fission, utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds. Provoquer cette fusion nécessite des températures d'au moins 100 millions de degrés Celsius afin de créer et confiner du plasma. Ce gaz chaud électriquement chargé a tendance à devenir instable, ce qui peut provoquer des pertes d'énergie et limiter l'efficacité de la réaction. « Cette avancée démontre que la connaissance des plasmas et leur maîtrise technologique sur de longues durées sont devenues bien plus matures, laissant espérer que des plasmas de fusion puissent être stabilisés sur de longues durées dans des machines comme Iter », le projet de réacteur expérimental lancé en 1985 par l'Union européenne, la Chine, la Corée, les Etats-Unis, l'Inde, le Japon et la Russie, souligne le CEA. Dans les prochains mois, « l'équipe de West compte prolonger ses efforts, en atteignant de très longues durées de plasma, de l'ordre de plusieurs heures cumulées, mais aussi en chauffant ce plasma à une plus haute température pour se rapprocher au mieux des conditions attendues dans les plasmas de fusion », relève la même source.