Le Syndicat National de la Justice a décidé de se retirer de la Confédération Démocratique du Travail pour rejoindre l'Union Marocaine du Travail. Cette décision met en avant des tensions parmi les greffiers de justice, liées à un accord entre le gouvernement et certaines centrales syndicales, et soulève des préoccupations concernant la confiance au sein des organisations syndicales. Le Syndicat National de la Justice a récemment tenu son conseil national à Casablanca, s'inscrivant sous le slogan évocateur « Une organisation renouvelée... une lutte continue ». Cet événement marque un tournant important pour le syndicat, qui a décidé de se retirer de la Confédération Démocratique du Travail (CDT) pour rejoindre l'Union Marocaine du Travail (UMT). Ce choix stratégique met en lumière les tensions profondes qui existent aujourd'hui parmi les greffiers de justice, tensions exacerbées par un accord controversé entre le gouvernement et certaines centrales syndicales. Les greffiers de justice, qui jouent un rôle crucial dans le système judiciaire, se sentent de plus en plus marginalisés et déconsidérés par leurs représentants syndicaux. Dans ce cadre, le courant démocratique du SNJ a exprimé, dans un communiqué, sa préoccupation face à l'influence « bureaucratique » qui a selon lui dominé le Congrès national de la CDT, tenu à Marrakech les 30 et 31 mai 2024. Un rapport détaillé présenté lors de cette session dénonce l'ingérence totale de la centrale syndicale dans le processus décisionnel, soulignant les dérives bureaucratiques qui ont affaibli le congrès. Ces dérives ne sont pas nouvelles et ont été documentées dans des rapports et correspondances antérieurs, révélant une problématique systémique au sein des organisations syndicales. Ce rapport a également retracé les étapes clés de la lutte syndicale durant les derniers mois. À travers des grèves nationales et d'autres actions, les greffiers ont intensifié leurs efforts pour obtenir des conditions de travail plus dignes, cherchant à améliorer le service public de la justice. En effet, les revendications des greffiers vont au-delà de simples augmentations salariales. Elles englobent également des demandes d'amélioration des conditions de travail, de reconnaissance professionnelle et de respect des droits des travailleurs. La lutte pour ces droits fondamentaux est essentielle pour garantir un service public de qualité, en phase avec les attentes des citoyens. Cependant, la tentative de dialogue avec le ministère de la Justice, entamée le 7 octobre 2024, aurait abouti à un « accord secret » jugé obscur et contraire aux principes de transparence par le syndicat. Cet accord, qui avait suscité un enthousiasme initial qui s'est rapidement estompé, a été validé officiellement par le décret n° 955.24.2 lors du Conseil de gouvernement du 18 octobre. Pour le SNJ, ce décret représente une « trahison » des attentes des greffiers de justice, car il a été signé par des représentants considérés comme déconnectés de la réalité de leurs conditions de travail. Ce sentiment de trahison est amplifié par le fait que les greffiers ont été exclus des discussions qui les concernent directement, ce qui renforce leur frustration et leur sentiment d'impuissance. Cette situation a généré une frustration grandissante parmi les greffiers de justice, dont les multiples mobilisations n'ont pas produit les résultats espérés. Le SNJ souligne que « les failles profondes » dans la gestion syndicale du secteur mettent en exergue le besoin urgent d'apprendre de cette expérience et de réévaluer les fondements du travail syndical pour préserver son intégrité et son sérieux. Cette crise de confiance entre les syndicats et les greffiers est révélatrice d'un malaise plus large au sein du monde du travail au Maroc, où de nombreux secteurs souffrent d'une mauvaise représentation et d'une incapacité à répondre aux attentes de leurs membres. Le conseil national du courant démocratique représente donc une étape cruciale dans la réorganisation de l'action syndicale des greffiers. Après des débats approfondis et ouverts, le conseil a voté le retrait officiel de la CDT. Ce choix repose sur une série de dérives, notamment « l'intrusion manifeste dans les affaires internes » de l'organisation, la « domination totale » de la centrale lors du 3e Congrès du SNJ, ainsi que l'éviction des voix indépendantes au profit d'une bureaucratie exacerbée. En effet, cette situation a alimenté un désir de renouvellement au sein du syndicat, avec une volonté affichée de retrouver une autonomie et une indépendance d'action. Selon le SNJ, ces méthodes portent atteinte au principe d'indépendance syndicale et visent à instaurer des instances « sur mesure » qui ne respectent pas les normes réglementaires du travail syndical.