Le Maroc, comme bien d'autres pays, se débat avec une inflation tenace et des tensions sociales qui grondent. Face à ce cocktail, le gouvernement a annoncé un budget de 16,5 milliards de dirhams dédiés aux subventions sur les produits de première nécessité pour l'année 2025. Une bouffée d'oxygène pour les ménages les plus fragiles, mais une solution durable face à la grogne sociale qui monte ? La question reste ouverte. L'inflation, véritable bête noire des économies modernes, ronge le pouvoir d'achat des Marocains depuis plusieurs années. Les prix des denrées alimentaires et des services essentiels flambent, mettant à rude épreuve les familles, surtout celles qui peinent déjà à joindre les deux bouts. Cette pression économique, exacerbée par des crises mondiales comme la pandémie et la guerre en Ukraine alimentant un sentiment d'injustice et de frustration. Face à cette tempête, le gouvernement a décidé de maintenir les subventions sur des produits essentiels comme le gaz butane, le sucre et la farine, espérant ainsi limiter les dégâts. Le gouvernement brandit cette enveloppe de 16,5 milliards de dirhams comme un bouclier contre la situation économique. La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a martelé lors d'une séance parlementaire, tenue dimanche que cette somme servirait à soutenir les produits de première nécessité, amortissant ainsi la hausse des prix. Elle a également annoncé d'autres mesures, comme l'exonération fiscale pour les revenus mensuels inférieurs à 6 000 dirhams et une réforme fiscale visant à soulager les foyers modestes. Ces annonces, bien que louables, ne suffisent pas à éteindre la colère qui gronde dans les quartiers populaires. La pauvreté s'est en effet accrue, touchant 3,2 millions de Marocains ces deux dernières années. Le chômage, lui aussi, grimpe inexorablement, atteignant 13,5% en 2023. Cette conjoncture difficile alimente un malaise profond chez les classes populaires, qui voient leur situation se dégrader malgré les efforts du gouvernement. Les subventions, si elles permettent de limiter temporairement l'inflation, ne constituent pas une solution durable face aux inégalités sociales qui s'aggravent au Maroc. Tandis que les classes populaires et moyennes peinent à joindre les deux bouts, la richesse continue de se concentrer entre les mains d'une élite restreinte. Cette fracture sociale, qui se creuse de jour en jour, rend les subventions inefficaces pour corriger les déséquilibres structurels. Lire aussi : Subventions immobilières : Un enthousiasme qui s'essouffle Les critiques fusent, pointant du doigt le caractère éphémère des politiques de subventions. Elles ne s'attaquent pas aux causes profondes de la pauvreté et de la précarité, comme le manque d'opportunités économiques, l'accès limité à une éducation de qualité et l'absence de politiques inclusives de développement. Le soutien financier ponctuel, bien que nécessaire, ne fait que calmer temporairement la tempête, sans offrir de perspectives de sortie durable de la pauvreté. Le dialogue social, un remède nécessaire mais insuffisant Le gouvernement a également promis, dans sa stratégie pour 2025, d'investir 20 milliards de dirhams pour honorer les engagements issus du dialogue social. Ces fonds devraient permettre d'améliorer les conditions de travail et de renforcer la protection sociale des travailleurs, mais des doutes subsistent quant à leur capacité à répondre aux attentes des citoyens. Les inégalités d'accès aux services de santé et d'éducation persistent, et les réformes prévues semblent parfois déconnectées des besoins réels des populations. Le dialogue social s'avère capital dans un contexte où les disparités régionales et économiques s'accentuent. Les accords conclus avec les syndicats et les organisations patronales doivent être non seulement respectés, mais aussi accompagnés d'une véritable redistribution des richesses. L'annonce des subventions et des réformes fiscales pour 2025 s'inscrit dans un contexte économique mondial incertain. La ministre Nadia Fettah Alaoui a souligné que le budget a été élaboré en tenant compte de prévisions de croissance modeste, avec un taux attendu de 3,3% pour l'année prochaine. Cette croissance, bien qu'encourageante, reste fragile face aux défis économiques mondiaux. La suspension temporaire des droits d'importation sur certains produits agricoles, comme la viande et l'huile d'olive, fait également partie des mesures visant à juguler l'inflation, mais ces actions isolées ne suffiront pas à inverser les tendances de fond.