Le tourisme national évolue-t-il en eaux troubles ? Plusieurs paramètres inhérents à l'économie nationale nous orientent à un questionnement sur le secteur touristique, malgré les chiffres intéressants affichés par les autorités. Toutefois, la mendicité, la baisse du pouvoir d'achat des ménages, les tensions géopolitiques internationales qui se multiplient, et le changement climatique, appellent à la nécessité d'une nouvelle vision du tourisme pour maintenir la tendance haussière de la reprise post-Covid. Fin juin 2024, 7,4 millions de visiteurs ont été enregistrés au Maroc, comprenant aussi bien les étrangers que les nationaux de la diaspora marocaine. Cependant, au mois de juillet 2024, le nord du Maroc connaît une baisse d'environ 75 % des touristes nationaux, par rapport à la même période en 2023, malgré une baisse moyenne des tarifs de 50 %. Les facteurs sont multiples, notamment la hausse du coût de la vie, la réduction du pouvoir d'achat et l'inflation. En effet, cette année, les salaires ont été versés avant la « fête du sacrifice du mouton » et dépensés à cette occasion. Alors qu'au mois d'août, les ménages pensent à la rentrée scolaire. Ainsi, le tourisme s'en trouve fortement impacté et ne peut compenser la baisse du tourisme international. La baisse du pouvoir d'achat des ménages peut s'expliquer au niveau macro-économique avec la privatisation des principaux secteurs que sont l'éducation (du préscolaire à l'université) et la santé. S'ajoute à cela le phénomène des jeunes diplômés chômeurs qui restent à la charge de leurs parents, lesquels se saignent financièrement pour compenser l'absence de « filets sociaux ». Lire aussi : Tourisme : L'attractivité de Casablanca en baisse Autre phénomène inquiétant est la mendicité qui impacte négativement l'image du Royaume. Réalité sociale, la pratique de la mendicité est devenue une quasi-profession. Ce fléau social entrave la compétitivité du secteur touristique national et rend le Royaume moins attractif comparé à d'autres destinations dans la région méditerranéenne. S'ajoute à cela l'informel dans le secteur touristique, qui prive l'Etat et les collectivités territoriales (CT) de ressources importantes. Ces deux paramètres entravent significativement le développement du tourisme au Maroc. Quant au tourisme interne, il souffre de la baisse du pouvoir d'achat des citoyens de la classe moyenne, obligés de réallouer leurs revenus à d'autres dépenses nécessaires comme l'éducation et la santé. De plus, des facteurs exogènes liés aux tensions géopolitiques, aux attentats terroristes et aux crises économiques et financières internationales freinent significativement l'arrivée des touristes au Maroc. Cependant, le Maroc jouit d'atouts importants tels que la stabilité politique et économique, la perspective de la préparation de la Coupe du Monde 2030 et les retombées économiques y afférentes, la réhabilitation des infrastructures et des services aéroportuaires, la multiplicité du transport touristique, et la richesse de l'artisanat marocain.