Cinq centrales syndicales ont organisé, mercredi à Rabat, un sit-in devant le siège du Parlement en protestation contre la programmation de l'examen des projets de lois relatifs aux régimes de retraite à la Chambre des Conseillers en dehors de la démarche du dialogue social. Ce sit-in a été marqué par la participation de responsables syndicaux de l'Union marocaine du travail (UMT), de la Fédération démocratique du travail (FDT), de la Confédération démocratique du Travail (CDT), de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), et du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESup). Les participants à ce sit-in organisé sous le signe « le mouvement syndical refuse l'adoption du projet gouvernemental des retraites » ont scandé des slogans appelant le gouvernement à revenir, immédiatement, sur le projet de réforme des retraites, sur le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, et l'augmentation du montant des cotisations ou encore la baisse des pensions, tout en plaidant pour la prise en charge par l'Etat des deux tiers des cotisations à la Caisse marocaine des retraites (CMR) à l'instar des autres caisses. Le secrétaire général de la FDT, Abderrahmane Azzouzi, a indiqué que l'organisation de ce sit-in intervient en protestation contre l'intention du gouvernement de présenter et examiner le projet de réforme des retraites en ignorant les partenaires et en l'absence d'engagement et de sens de la responsabilité sur un dossier d'une telle importance. L'examen de ce projet au Parlement a été reporté, à maintes reprises, en raison du désaccord sur son contenu, a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement avait suspendu, depuis plusieurs mois, le dialogue avec les syndicats sur ce dossier. La dernière rencontre avec le gouvernement remonte, au mois de juin dernier, lors de laquelle il a été convenu de la formation d'une commission mixte pour l'examen du dossier revendicatif, avec en premier lieu la question des retraites, a-t-il rappelé, indiquant que le syndicat avait alors affirmé que ce dossier nécessitait davantage de débats. De son côté, le secrétaire général national du syndicat national des Finances, affilié à la CDT, Brahim Saadine, a souligné, dans une déclaration similaire, que ce sit-in intervient en protestation contre les tentatives du gouvernement de s'accaparer du dossier de la réforme des retraites et d'imposer la politique du fait accompli. Il a relevé que les syndicats ne sont pas contre la réforme, mais pour une réforme consensuelle qui n'affecte pas les droits de la classe ouvrière et qui revêt un caractère global soulignant que le gouvernement réserve un traitement sélectif aux revendications syndicales. Le gouvernement a fermé la porte au dialogue social, ce qui impose aux syndicats de poursuivre leur lutte, notamment avec la marche du 10 avril prochain, afin de concrétiser les attentes et revendications justes des travailleurs des secteurs public et privé. Le porte-parole officiel de l'UGTM, Youssef Allakouch, a déploré l'intransigeance du gouvernement et les tentatives d'imposer la politique du fait accompli sur ce dossier, considérant que ceci porte atteinte à l'action syndicale, ce qui amène les syndicats à poursuivre la mobilisation. Le vice-secrétaire général de la CDT, Abdelkader Zair, a indiqué, de son côté, que les syndicats refusent l'adoption de tout projet de loi ou décision contraires aux intérêts de la classe ouvrière, affirmant que les tentatives du gouvernement de faire passer le projet de réforme des retraites sous-estiment l'action syndicale et de nature à porter atteinte aux acquis des fonctionnaires et de la classe ouvrière. La CDT rejette cette démarche et reste attachée au cahier revendicatif global de la réforme, proposé en concertation avec les autres syndicats.