La Commission européenne a proposé mercredi de fixer l'objectif de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) pour les voitures et petits utilitaires à 30% d'ici 2030, avec un système de bonification pour promouvoir les voitures électriques et des amendes en cas de dépassement des normes d'émission. L'exécutif européen veut réduire les émissions de gaz à effets de serre du secteur des transports dans le cadre d'un projet plus général de l'UE consistant à faire baisser les émissions globales d'au moins 40% par rapport à leurs niveaux de 1990. Il se heurte déjà aux réserves de pays dont le secteur automobile est fort, Allemagne en tête, et devra batailler ferme pour que sa proposition soit approuvée par les 28 Etats membres et le Parlement. Le projet de loi de la Commission prévoit de mettre les constructeurs à l'amende à hauteur de 95 euros par gramme de CO2 excédant les nouvelles normes et pour tout nouveau véhicule immatriculé au cours d'une année donnée. Il fixe également un objectif intermédiaire de 15% de réduction des émissions d'ici à 2025 pour inciter le secteur a commencer rapidement à investir. Les constructeurs pourront toutefois user de crédits carbone en regard des objectifs fixés si le pourcentage de véhicules très peu ou non polluants dans le parc produit dépasse un seuil fixé par les autorités de régulation. Le secteur automobile européen s'est démené pour que l'objectif de réduction soit limité à 20% et que sa réalisation soit subordonnée au nombre de véhicules électriques achetés par leurs clients. L'exécutif européen, prenant acte des doléances des constructeurs, prévoit aussi de consacrer 800 millions d'euros au financement d'un réseau de bornes de recharge des véhicules électriques et 200 millions supplémentaires pour soutenir le développement de batteries. La Commission européenne est soucieuse d'établir un corpus de textes qui stimule le développement de véhicules non polluants, craignant que l'Europe ne se retrouve sur ce chapitre à la traîne de la Chine, du Japon et des Etats-Unis. « L'industrie automobile européenne doit regagner la confiance du consommateur« , a dit Miguel Arias Canete, le commissaire européen au Climat. « Nous voulons que l'industrie automobile européenne se remette dans la course à la place suprême des véhicules propres« . « La concurrence est là« , a dit de son côté le vice-président de la Commission Maros Sefcovic, évoquant l'utilisation de voitures électriques chinoises par les compagnies de taxis à Bruxelles. « La voiture a été inventée en Europe et je pense qu'elle devrait être réinventée ici. » L'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea) affirme que l'objectif de 30% de réduction des émissions de CO2 est « trop difficile à atteindre » et que l'objectif intermédiaire pour 2025 ne donne pas le temps à l'industrie automobile de prévoir les modifications nécessaires. « La proposition actuelle est très agressive si on tient compte de la pénétration faible et fragmentée des véhicules à propulsion alternative à travers l'Europe« , a déclaré Erik Jonnaert, secrétaire général de l'Acea, dans un communiqué. Le scandale du trucage des émissions polluantes chez Volkswagen a incité les autorisés de régulations de l'Union européenne pour durcir leur position, plusieurs gouvernements et villes européens ayant annoncé une interdiction des véhicules à moteur à combustion d'ici 20 ans. L'International Council on Clean Transportation (ICTT ou Conseil international du transport écologique) a déclaré pour sa part qu'un objectif plus ambitieux d'émission de CO2 favoriserait le développement des véhicules électriques. « Sur le plan technique, davantage de progrès est tout à fait possible« , dit son directeur général Peter Mock.