Cela fait maintenant presque cinquante ans qu'un conflit territorial factice oppose le Maroc et l'Algérie. Contrairement à ce que d'aucuns estiment un peu hasardeusement, il ne porte pas sur le Sahara uniquement, mais sur un contentieux global dans lequel s'entremêlent la question des frontières, des territoires marocains de l'est arbitrairement spoliés par la France et concédés en 1962 à l'Algérie lors de son indépendance, les choix et les modèles de société, la mise en œuvre des démocraties respectives – opposées bien entendu – et l'identité politico-sociale voire civilisationnelle des deux nations. L'arrivée de Abdelmajid Tebboune au pouvoir en décembre 2019, comme pour asseoir une légitimité en mal de reconnaissance, a correspondu à un regain d'hostilité contre le Maroc. Sa démagogie n'a d'égale que sa lamentable ignorance du problème du Sahara et encore moins du Maroc, acteur majeur de l'histoire de la région voire du continent. Brillant par sa mégalomanie, dans les traces d'un soudard appelé Chengriha, ils auront tous deux réussi à instaurer un climat sans précédent de haine envers le Maroc. Depuis avril 2007, date à laquelle le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le projet de Plan d'autonomie proposé par le Royaume du Maroc au Sahara, le gouvernement algérien n'a cessé de violer toutes les Résolutions pertinentes – au nombre de dix-huit – qui ont été votées en faveur d'une solution politique. Plus qu'une violation flagrante, il s'agit-là d'une provocation permanente. Comme si l'Algérie, en plus d'être aujourd'hui membre non permanent de cette institution pour quelques mois, était en quoi que ce soit en droit de les bafouer et les piétiner, au mépris de ses prétendus engagements à respecter la légalité internationale. Les appels de l'ONU à s'inscrire dans la logique préconisée d'une recherche de solution sont systématiquement rejetés par le régime militaire d'Alger. C'est ainsi que la recommandation votée en octobre dernier par l'ONU à la reprise des tables rondes – réunissant le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le polisario – reste bafouée et foulée au pied. La dernière table ronde, organisée par Horst Köhler, émissaire allemand de l'ONU, remonte à mars 2019 et depuis silence total. Son successeur, Staffan Da Mistura, plutôt que d'assumer sa mission de facilitateur semble s'inscrire dans la ligne algérienne et complique pour ainsi dire sa propre tâche. Qu'attendrions-nous donc de cet émissaire fourvoyé dans les dédales sournois de l'Algérie et de l'Afrique du sud. Pas plus que nous en attendrions un autre comportement à l'avenir, aussi longtemps que le régime algérien actuel reste en place, persiste et signe. Il s'accroche à la vieille rengaine des années 80 sur « l'autodétermination du peuple sahraoui », et autres logomachies sur le référendum, alors que l'ONU a pris acte de leur caducité et que la communauté internationale s'est résignée à leur mort. La diplomatie algérienne qui est plus que jamais confrontée à une série d'échecs retentissants , notamment en Afrique et au Sahel , s'entête à ressusciter les fantômes et les fantoches. Le « peuple sahraoui » n'est autre que celui qui est installé depuis toujours au Sahara marocain, à plus de 90%, y vivant et évoluant paisiblement. Ses représentants légitimes et dignes, reconnus par les Nations unies n'ont-ils pas pris part aux échanges de Genève ? Ce sont des Sahraouis marocains, imprégnés d'histoire et de mémoire qui n'ont pas trahi leur patrie en se jetant dans les bras de l'Algérie...comme c'est le cas des membres du polisario, dont Tebboune et consorts tout à leur irascible volonté de déformer l'histoire, oublient qu'ils sont originaires du Maroc... La mauvaise foi, relayée par une propagande de mauvais genre, fait dire aux dirigeants algériens et une certaine presse que « le Maroc occupe et colonise le Sahara »...Propos fallacieux, d'autant plus éculé qu'au lendemain de la Marche verte, restée au travers de la gorge de Boumediene et Bouteflika, la quasi-totalité des Sahraouis sont demeurés sur le territoire, heureux d'être libérés du joug espagnol, tandis que leurs frères et sœurs installés pendant la colonisation dans le Nord, à Agadir, Marrakech, Casablanca, Rabat, Tétouan, Meknès, Tanger les avaient rejoints... Quand le Roi Hassan II, dans un discours télévisé célèbre, avait annoncé le 15 octobre 1975 l'organisation de la Marche verte pour le 6 novembre suivant, feu Boumediene, piqué au vif, enragé, ordonna à l'armée algérienne ( ANP) de prendre position dans les alentours immédiats de Lâayoune, pensant qu'une guerre allait être déclenchée et mettant déjà en œuvre son plan machiavélique. La Marche verte non seulement avait connu un succès, mais il n'y eut ni guerre ni mort d'hommes. En se retirant vers Tindouf, l'armée algérienne embarqua de force, à partir de Lâayoune, Tifariti et surtout Amgala, quelques centaines de Sahraouis et pas plus, enrôlés et conduits manu militari vers Tindouf où furent, à l'image des camps palestiniens, érigées des tantes et des miradors sur lesquels la propagande du DRS algérien affublera longtemps face à la presse internationale, payée à tours de bras. Au total, ce ne sont pas plus que 1000 sahraouis embarqués dans les fourgons de l'armée algérienne entre novembre et février 1975 qui quittèrent le Maroc contre leur plein gré et formèrent le mirage du « peuple sahraoui réfugié à Tindouf Lahmada ».Les sécheresses successives des années 80, à leur insu avaient poussé des populations en déshérence, touareg, maliens, nigériens, mauritaniens et autres à chercher des points d'eau et des espaces cléments dans un territoire désertique hostile. Beaucoup d'entre eux furent « récupérés » par les troupes du polisario, conduits à Tindouf et transformés en « Sahraouis »...afin de grossir leur chiffre devant la communauté internationale. Le Maroc n'a cessé – sans doute tardivement – a réclamer en vain auprès du HCR de l'ONU leur recensement et leur authentification. Antonio Guterres, actuel secrétaire général des Nations unies qui fut longtemps Délégué du même HCR, en connaît quelque chose pour s'être vu opposer par les divers gouvernements algériens le refus de se rendre à Tindouf afin de recenser les « Sahraouis »...L'ambiguïté a perduré, et le gouvernement algérien persiste à croire que la communauté internationale est à ce point dupe et feint d'oublier que tout référendum, si d'aventure il devait avoir lieu, reposerait sur le premier critère : le recensement des votants, des authentiques sahraouis, la minorité séquestrée à Tindouf, la plus grande majorité de ceux et celles qui habitent le Sahara et, point central, ceux et celles qui avant la répression coloniale des années 50 et 60 du siècle dernier, avaient rejoint le nord du Maroc, y ont construit une vie, fondé des familles, les Reguibat,les Dlimis, les Teknas ,les Lâaroussiyne et autres. Ils avaient le droit et la légitimité de voter, ce que le gouvernement algérien a cru contester... En 1974, les Nations unies , dans la perspective d'un éventuel référendum, avaient organisé un recensement des populations et conclu à l'existence de quelque 73.000 habitants. Ni plus , ni moins. Une année plus tard, au lendemain de la proclamation le 15 octobre 1975 de l'Avis de la Cour de La Haye affirmant l'existence « des liens juridiques et historiques des populations du territoire avec le Royaume du Maroc », le Roi Hassan II lança la Marche verte qui a mobilisé, Coran à la main comme seule arme, le 7 novembre 350 000 volontaires marocains. Boumediene, la rage à peine contenue, mobilisa des troupes de son armée, l'ANP, camouflées en plein Sahara, non loin de Lâayoune, à Amgala avec la consigne d'intervenir militairement en cas d'affrontements entre les marcheurs et l'armée espagnole, pour soutenir bien évidemment l'armée espagnole de Franco. L'accord tripartite de Madrid, une reconnaissance espagnole Une partie diplomatique s'était alors engagée entre le Maroc et l'Espagne, marquée par des aller-retour des délégations des deux pays entre Agadir où feu Hassan II s'était installé et le gouvernement espagnol. Agonisant, le général Franco avait rendu l'âme le 19 novembre, cinq jours seulement après la signature le 14 du même mois de l'Accord tripartite de Madrid entre le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie. Une autre et nouvelle page était ouverte, favorisée par l'instauration de la démocratie en Espagne sous le Roi Juan Carlos. Cet accord , on l'a dit, concrétisait la décolonisation du Sahara par l'Espagne et l'ONU, parce que négociée directement entre la puissance coloniale de l'époque et le pays ayant-droit, le Maroc, comme le stipule la Charte des Nations unies. Commença alors une « guerre » multiforme non signée, tantôt déguisée, tantôt ouverte du gouvernement de Boumediene contre le Maroc. Au Sommet de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) tenu en 1980 à Nairobi (Kenya), le Roi Hassan II, se prêtant aux conseils de certains chefs d'Etat africains de l'époque, accepta le principe d'un référendum au Sahara, non sans préciser qu'il s'agirait d'un « référendum confirmatif » ! Des listes de potentiels votants au sein des populations sahraouies devaient être établies aux fins de la consultation majeure prévue d'un commun accord. Le polisario, aux ordres des militaires algériens, crut s'opposer – en vain – aux listes livrées par le Maroc, confirmées, authentifiées par les Chioukhs et chefs de tribus. Ce fut la première entorse, le coup de dague porté par le gouvernement algérien au balbutiant processus de règlement. D'autres viendront illustrer une irascible mauvaise foi, voire un sabordage en bonne et due forme de ce même processus.