Le Président sénégalais, Macky Sall, a défendu sa décision de reporter les élections prévue initialement le 25 février et repoussée au 15 décembre et s'est dit « prêt à passer le relais ». Dans une interview accordée à l'Associated Press AP, et relayée par des médias locaux, Macky Sall a rejeté les allégations selon lesquelles la décision était inconstitutionnelle et qu'il avait créé une crise constitutionnelle. Selon lui, le Sénégal avait besoin de plus de temps pour résoudre les controverses concernant la disqualification de certains candidats et un conflit entre les pouvoirs législatif et judiciaire. Le chef de l'Etat a nié qu'il cherchait à s'accrocher au pouvoir. « Je ne cherche absolument rien d'autre que de laisser un pays en paix et stable », a dit M. Macky Sall dans cette interview. « Je suis tout à fait prêt à passer le relais. J'ai toujours été programmé pour cela », a-t-il lancé, précisant que sa décision d'intervenir était nécessaire pour éviter que le chaos électoral ne s'aggrave. « Je ne veux pas laisser derrière moi un pays qui va immédiatement plonger dans des difficultés majeures », a déclaré M. Sall. « Je dis maintenant que je vais travailler pour l'apaisement, pour les conditions qui permettront au pays d'être pacifique ... tenons tous des discussions inclusives avant d'aller aux élections », a-t-il ajouté. A signaler que quatorze candidats à l'élection présidentielle au Sénégal ont déposé vendredi un recours devant la Cours suprême contre le l'abrogation par Macky Sall du décret convoquant le corps électoral le 25 février 2024. D'autre part, trente-neuf députés de l'opposition à l'Assemblée nationale ont déposé jeudi au greffe du Conseil constitutionnel, une saisine en inconstitutionnalité contre la loi portant report au 15 décembre prochain de l'élection présidentielle. Le président Macky Sall avait annoncé samedi dernier dans un message à la nation l'abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février. Deux jours plus tard, l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi portant sur un report de ce scrutin au 15 décembre prochain. Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a réaffirmé également sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu'il avait faite en juillet dernier. Pour reporter l'élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats du Conseil constitutionnel parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux. C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal.