Le Sénégal traverse une période de turbulences inédites. La décision unilatérale de Macky Sall de reporter les élections présidentielles, prévues initialement le 25 février 2024, a suscité la révolte et l'indignation de toutes les couches de la société sénégalaise. Très tôt ce lundi, le ministre de la Communication annonce que les données mobiles seront une fois de plus coupées et ce, au moment où le Parlement s'apprête à prolonger le mandat de Macky Sall. Dans la soirée du dimanche, le gouvernement a décidé de retirer la licence d'une des plus anciennes télévisions du pays, Walafjri TV l'accusant « d'incitation à la violence ». Dans cette vague de tension où l'assemblée devrait ce jour voter une loi prorogeant le mandat de Macky Sall que les Sénégalais se sont donnés rendez-vous à l'Assemblée pour dire non au coup d'état constitutionnel. Le Khalif Général des mouride, la plus grande confrérie religieuse du Sénégal, s'est prononcé catégoriquement contre toute modification du calendrier électoral, affirmant que le respect de la Constitution est un devoir pour tous les musulmans. L'Archevêque de Dakar, la plus haute autorité catholique du pays, a dénoncé le coup d'état constitutionnel de Macky Sall, le qualifiant d'acte de trahison envers le peuple sénégalais et la démocratie. Le Rassemblement islamique du Sénégal, qui regroupe les différentes associations musulmanes du pays, a rejeté le report des élections, estimant qu'il s'agit d'une violation des principes de la République et de la souveraineté populaire. La Confédération des Syndicats Autonomes (CSA), qui représente les travailleurs du secteur public et privé, a condamné avec la plus grande vigueur toute tentative de s'accrocher ou de s'imposer au pouvoir par la ruse ou la force, au risque de compromettre la paix et la stabilité du Sénégal. La Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal (LIPS), qui rassemble les guides spirituels et les prêcheurs du pays, a appelé tous les citoyens sénégalais attachés à la justice et fiers de leur histoire à se lever comme un seul homme pour repousser cette nouvelle agression qui salit l'image de notre pays. Candidat à la présidentielle, l'ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall appelle à combattre le « dessein funeste sur fond de tentative inique qui vise à augmenter la durée du mandat du président de la République. » Cette déclaration de Khalifa Sall est largement partagée par toute la classe politique sénégalaise exceptés le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et l'Alliance Pour la République (APR) du président Macky Sall et ses alliés De son côté, l'Union Africaine a déclaré que « Le Sénégal devrait organiser des élections présidentielles le plus vite possible », dans un communiqué publié par l'organisation présidée Moussa Faki Mahamat. Face à cette mobilisation citoyenne pour la démocratie, le pouvoir de Macky Sall semble de plus en plus isolé et contesté. Le Sénégal, considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, est aujourd'hui à la croisée des chemins. Le peuple sénégalais saura-t-il faire respecter ses droits et ses aspirations ? L'avenir du pays en dépend.