La production mondiale de combustibles fossiles augmente toujours deux fois trop élevée pour réaliser l'objectif de l'Accord de Paris sur le climat, a indiqué l'organisation des Nations Unies mercredi. « Si une majorité de gouvernements ont promis de drastiquement réduire leurs émissions de carbone, la production mondiale de combustibles fossiles augmente toujours et s'annonce deux fois trop élevée pour réaliser l'objectif de l'Accord de Paris sur le climat », relève le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un nouveau rapport. Intitulé "La grande contradiction", le rapport 2023 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de production des combustibles fossiles, fait état du « lien complexe » qu'entretiennent les Etats avec les énergies fossiles. Le rapport fait savoir que les Etats prévoient de produire environ 110% de combustibles fossiles de plus en 2030 que ce qui serait compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C, soit l'objectif de l'Accord de Paris, et 69% de plus que ce qui serait compatible avec un réchauffement à 2 °C. Le document évalue aussi la production planifiée et projetée de charbon, de pétrole et de gaz par les gouvernements par rapport aux niveaux mondiaux compatibles avec l'objectif de température de l'Accord de Paris. Commentant ce rapport, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a insisté que la lutte contre la catastrophe climatique ne peut se faire sans attaquer sa cause première, à savoir la dépendance aux combustibles fossiles. Lire aussi : Infrastructure gazière: Le Maroc met à jour sa feuille de route Les auteurs du rapport relèvent en outre que le changement climatique d'origine humaine "est déjà là", notant que les émissions mondiales de dioxyde de carbone, dont près de 90% proviennent des combustibles fossiles, ont atteint des niveaux record en 2021 et 2022. "Les projets des gouvernements visant à accroître la production de combustibles fossiles compromettent la transition énergétique nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles et remettent en question l'avenir de l'humanité", a estimé la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, citée dans le rapport, soulignant que les énergies propres et efficaces demeurent la seule solution pour combattre la pauvreté énergétique et réduire les émissions. Elle a de même indiqué que dès la COP28, "les nations doivent s'unir derrière une élimination progressive, gérée et équitable du charbon, du pétrole et du gaz, afin d'atténuer les turbulences à venir et de bénéficier à tous les habitants de la planète ». De son côté, M. Guterres a lui aussi espéré un changement de cap lors de la prochaine COP, qui débutera le 30 novembre prochain aux Emirats arabes unis. "La COP doit envoyer un signal clair : l'ère des combustibles fossiles est à bout de souffle, sa fin est inévitable. Nous avons besoin d'engagements crédibles pour accroître les énergies renouvelables, éliminer progressivement les combustibles fossiles et renforcer l'efficacité énergétique, tout en garantissant une transition juste et équitable", a-t-il conclu.