Le récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat est un rappel d'urgence. Nous devons agir maintenant et être plus ambitieux dans nos engagements lors de la COP26 à Glasgow du 31 octobre au 11 novembre 2021. Mesures d'atténuation COP26 Quelques jours nous séparent de la plus importante des conférences sur le climat depuis celle de Paris. Il est primordial de tenir les promesses faites au terme de l'Accord de Paris en 2015 afin de réduire les émissions et limiter l'augmentation de la température à 1,5 °C par rapport au niveau de l'ère préindustriel. Nous ne sommes pas encore sur la bonne voie. Tous les pays doivent opter pour des objectifs très ambitieux de réduction des émissions, car s'ils s'en tiennent à leurs objectifs climatiques officiels actuels – les contributions déterminées au niveau national (CDN) – cela entraînera une augmentation catastrophique de la température mondiale de 2,7 ° C., signifiant une élévation du niveau de la mer et des sécheresses, des vagues de chaleur et des tempêtes plus fréquentes et plus graves à travers la planète. Les exemples ne manquent pas, nous sommes tous témoins de sècheresses continues, pire le Groenland, dans le nord, a connue en 2016 son année la plus sèche depuis 1900 ce qui a favorisé la fonte des glaciers et a déclenché des feux de forêt par conséquent, nous devons être plus ambitieux et agir sans attendre. Le Danemark s'est engagé à réduire ses émissions des gaz à effet de serre de 70 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990. Nous pensons que ce n'est pas non seulement nécessaire, mais que c'est aussi quelque chose de tout à fait réalisable. Nous exhortons tous les pays – en particulier les grands émetteurs – à soumettre leur CDN mises à jour avant la COP26 et à s'assurer qu'elles soient compatibles avec le scénario du 1,5 ° C de l'Accord de Paris. Finance Lors de la COP15 à Copenhague en 2009, les pays développés ont promis 100 milliards de dollars par an en financements climatiques. Nous devons honorer cette promesse. Les pays développés ont la responsabilité d'augmenter leurs engagements individuels afin que nous puissions collectivement livrer le montant promis. Les chiffres récents de l'OCDE indiquent clairement que nous en sommes encore loin. Adaptation Le changement climatique est mondial, mais ses effets sont biaisés. Le rapport récent du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) est un rappel brutal sur le défi auquel l'humanité se trouve confrontée. Même avec un réchauffement climatique de 1,5 °C, il est nécessaire de s'adapter aux impacts inévitables : construire des maisons et des infrastructures capables de résister aux conditions météorologiques extrêmes, planter de nouvelles cultures capables de survivre à la chaleur, et améliorer les prévisions météorologiques pour prévoir les tempêtes et les inondations. Les répercussions nous touchent tous, mais les pays les moins développés et les petits pays insulaires en développement sont les plus durement touchés. Pour eux, l'adaptation au changement climatique n'est pas un choix, mais une nécessité. Coopération dano-Marocaine dans le domaine de l'Eau, Environnement et Changements climatiques : Dans cette optique d'adaptation, le Danemark et le Maroc explorent des pistes de collaboration dans le secteur de l'environnement, nous pouvons y inclure l'économie ou la sauvegarde de l'eau, la gestion des déchets et les changements climatiques. Un partenariat basé sur l'échange et la poursuite de meilleures et plus récentes technologies utilisées dans ces domaines. Parmi les pistes en cours de discussion, la gestion durable des fuites et pertes en eau, la gestion de l'épuration. A cet égard, au Danemark plusieurs stations d'épuration produisent de l'énergie. L'adaptation reste la partie négligée de l'équation climatique, car ne représentant aujourd'hui que 25% du financement climatique en faveur des pays en développement. Pire encore, l'adaptation ne représente que 0,1 % des financements privés des mesures climatiques. Le Danemark s'engage à consacrer 60 % de ses financements climatiques pour des subventions à l'adaptation à partir de 2022. Nous faisons appel à d'autres pays concernés d'intervenir et de se joindre à nous. Les partenariats sont essentiels pour un soutien efficace à l'adaptation au climat. Nous devons partager nos expériences et chercher de nouvelles façons d'avancer ensemble. Nous sommes Co-leader de la Coalition sur la Transition Energétique, et avons comme partenaire le Maroc, l'Indonésie, la Colombie, l'Italie et le Palau. Parmi les objectifs de cette coalition, l'encouragement de financements pour une énergie propre, le renforcement des partenariats Public-Privés (PPP), et bien sur le concept du 'Leave No One Behind' (marchons ensemble). Nous avons aussi lancé deux autres initiatives très ambitieuses : une déclaration sur le Net Zéro Emission pour la réduction des émissions de l'industrie maritime à partir de 2020 pour attendre le seuil zéro en 2050. La de-carbonisation totale de l'industrie se fera à travers les PPP. La déclaration a l'issue de la 6eme table ronde des autorités portuaires tenue en juin de cette année, confirme l'intérêt de acteurs maritimes principaux à soutenir le Forum maritime global pour les émissions zéro. Je suis heureux de constater la présence du Port Marocain Tanger Med, dont la part dans le transbordement international ne cesse de croitre, dans ce forum. Nous espérons que de nombreux pays soutiendront cette déclaration. L'élimination progressive des combustibles fossiles Pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, il faut réduire rapidement la production de charbon, de pétrole et de gaz naturel. Malgré cela, les gouvernements dans le monde entier continuent d'augmenter la production de combustibles fossiles prévues de 2% en moyenne par an. Le Danemark, en collaboration avec le Costa Rica, dirige les travaux sur une alliance au-delà du pétrole et du gaz (BOGA) afin de promouvoir et de soutenir l'élimination progressive juste et équitable de la production de pétrole et de gaz. Nous espérons que de nombreux pays rejoindront l'Alliance et son objectif ambitieux. Au niveau international, nous faisons également pression pour un arrêt complet de la construction de nouvelles centrales de charbon et de l'exportation de la technologie du charbon, car ce sont parmi les mesures les plus efficaces que nous puissions prendre pour limiter les hausses de températures. Cette initiative ambitieuse concerne le rejet graduel des énergies fossiles car le rapport de Production du Programme des Nations Unies pour l'Environnement 2019 a prévenu que pour maintenir une réduction de 1,5° C, la production globale du pétrole et du gaz doit être réduite de 4 à 3 % chaque année d'ici 2030, et de façon plus intense après cela. Conclusion Nous sommes pressés par le temps. L'échec reste une possibilité que nous ne pouvons accepter. Il est essentiel que les pays unissent leurs efforts à l'après-COP26 pour rétablir la confiance et restaurer l'esprit de Paris. Le Danemark fera de son mieux pour accélérer l'action et relever ses ambitions, afin que nous puissions transmettre un monde prospère, juste et durable aux générations à venir. Jesper Kammersgaard, nouvel Ambassadeur du Danemark au Royaume du Maroc depuis le 01 septembre. Informations sur le Danemark : Le Danemark dispose d'un mix électrique (sources d'énergie utilisées pour la production d'électricité) dominé par les énergies renouvelables (80 %) et a l'ambition de réduire ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 de 70 % par rapport au niveau de 1990. Cette transformation est impressionnante étant donné que le pays était autrefois un important producteur de pétrole et producteur de gaz qui dépendait également fortement du charbon pour l'électricité. La transition énergétique danoise est devenue progressivement une stratégie nationale à long terme engagée conjointement par la population, les associations environnementalistes, les scientifiques, les industriels, et le gouvernement danois. En effet, les politiques visent à ce que le pays se débarrasse du charbon dans son mix électrique en développant son potentiel éolien, mais aussi la diffusion de la cogénération (CHP) et le chauffage urbain à travers le pays. Un autre point de succès de la stratégie du pays réside dans la promotion de l'efficacité énergétique dans le secteur industriel ainsi que l'utilisation de taxation de l'énergie pour une dé-carbonisation renforcée, même dans des secteurs tels que les transports.