Dans le rutilant monde des ventes aux enchères à New York, le mois de novembre s'annonce exquis. Un Picasso d'une valeur étincelante de 120 millions de dollars, un Monet d'une splendeur inestimable de 40 millions, et, pour émerveiller encore plus les collectionneurs, une Ferrari sensationnelle à 60 millions de dollars. Les grandes maisons d'enchères, Sotheby's et Christie's, s'apprêtent à dévoiler un trésor artistique dont la valeur se chiffre en milliards de dollars, dans un marché qui semble intouchable. Cependant, en cette époque troublée par les conflits en Ukraine et à Gaza, ainsi que par l'inflation mondiale, il se peut que les géants de l'art, Sotheby's et Christie's, ne parviennent pas à répéter la magie de 2022, année record où leurs ventes aux enchères et privées avaient atteint un sommet historique, dépassant les 16 milliards de dollars. Pour cette édition automnale des enchères à New York, Sotheby's, propriété de l'homme d'affaires Patrick Drahi, est en passe de remporter la plus grande part du gâteau. Leurs ventes se dérouleront du 7 au 15 novembre dans l'une des capitales mondiales de l'art et de la finance. Pendant ce temps, Christie's, qui appartient au magnat François Pinault, se fixe des objectifs ambitieux, visant entre 723 millions et un milliard de dollars de ventes au cours de ces quelques jours de festivités artistiques. Le cinquantenaire de la disparition de Pablo Picasso sera célébré en grande pompe à New York, avec sa célèbre œuvre « Femme à la montre » de 1932 en tête d'affiche. Cette toile, qui représente la muse et compagne de l'artiste, Marie-Thérèse Walter, pourrait bien atteindre la somme astronomique de 120 millions de dollars. L'œuvre provient de la collection de la richissime new-yorkaise Emily Fisher Landau, décédée à l'âge de 102 ans cette année. Sa collection, comprenant des trésors de Jasper Johns, Willem de Kooning, Mark Rothko et Andy Warhol, sera mise aux enchères lors d'une soirée spéciale à Manhattan. Rien que pour cette collection, Sotheby's estime une somme colossale de 400 millions de dollars. Selon Julian Dawes, responsable des ventes des arts impressionnistes et modernes chez Sotheby's, l'œuvre de Picasso est un « chef-d'œuvre à part entière », peinte en 1932, qui marque une année miraculeuse pour l'artiste espagnol. Marie-Thérèse Walter, la muse dorée de Picasso, est l'héroïne de cette œuvre, rencontrée en 1927 à Paris alors qu'il était encore marié à la danseuse de ballet Olga Khokhlova. Cette muse a également été immortalisée dans une autre œuvre, « Femme endormie » en 1934, qui sera mise aux enchères par Christie's, espérant atteindre entre 25 et 35 millions de dollars. Christie's présentera également une œuvre de Mark Rothko, artiste américain moderne décédé en 1970, avec « Untitled (Yellow, Orange, Yellow, Light Orange) » datant de 1955 et estimé à environ 45 millions de dollars, d'après Emily Kaplan, responsable des ventes d'œuvres du XXe siècle chez Christie's. Du côté des impressionnistes, une pièce maîtresse de Claude Monet, « Le bassin aux nymphéas » (1917-1919), sera également mise aux enchères par Christie's, sans que son estimation ne soit dévoilée. Chez Sotheby's, l'œuvre « Peupliers au bord de l'Epte, temps couvert » (1891) du même Monet sera offerte au plus offrant, avec une fourchette de prix entre 30 et 40 millions de dollars. Cependant, l'une des attractions majeures de ces enchères d'automne ne sera ni une peinture ni une sculpture, mais une voiture. La filiale de Sotheby's consacrée aux automobiles de luxe proposera une Ferrari 250 GTO de 1962, dont le prix est estimé à plus de 60 millions de dollars, d'après Michael Caimano, l'un de ses dirigeants. En possession d'un collectionneur américain depuis 40 ans, cette pièce unique de la légendaire marque italienne pourrait devenir la Ferrari la plus chère jamais vendue. En 2018, la même voiture de sport avait déjà atteint 48 millions de dollars lors d'une vente chez RM Sotheby's. Si elle atteint son estimation, cette Ferrari deviendra la deuxième voiture la plus chère jamais vendue au monde, juste derrière l'un des deux exemplaires de la Mercedes Coupé 300 SLR Uhlenhaut de 1955, vendu pour 135 millions d'euros par RM Sotheby's et Mercedes-Benz lors d'enchères confidentielles en 2022. Au-delà de l'argent, ces voitures de collection sont considérées comme des œuvres d'art que l'on peut toucher, sentir et entendre, affirme Caimano. Les maisons d'enchères se félicitent de la santé insolente du marché de l'art et du luxe, porté par la Chine et apparemment insensible aux soubresauts économiques, comme le souligne Kelsey Reed Leonard, responsable des ventes d'art contemporain chez Sotheby's. Même la maison de ventes la plus discrète, Phillips, s'apprête à présenter un trésor : « Le 14 juillet » du peintre cubiste Fernand Léger, estimé entre 15 et 20 millions de dollars, lors de leur vente la semaine prochaine.