Le retour de l'été évoque souvent des souvenirs dorés, des moments passés sous un soleil radieux et des jours insouciants. Mais cette année, pour le Maroc, le tableau est loin d'être aussi idyllique. Tandis que certains hauts fonctionnaires se remettent de leurs escapades luxueuses entre Marbella et Cabo Negro, les réalités socio-économiques du Maroc attendent. C'est la rentrée, les enfants s'apprêtent à retrouver leurs bancs d'école, les parents se débattent avec les coûts croissants des inscriptions, des frais de scolarité et des fournitures insurmontables. Pendant donc que des ministres et des dirigeants se remémorent leurs jours ensoleillés, les familles marocaines peinent à préparer cette rentrée. Vacances luxueuses pour quelques- uns, inflation et frustration pour le reste. Un Maroc à deux vitesses semble émerger, et l'écart entre les deux ne cesse de s'agrandir. Quête d'une gouvernance efficace au Maroc Dans les grandes villes comme dans les petites, les échos des inégalités sociales résonnent. Une classe moyenne, jadis florissante, est aujourd'hui ébranlée par un système fiscal qui semble la pénaliser plus qu'elle ne la soutient. Le chômage, autre spectre menaçant, plane, atteignant des sommets vertigineux, en particulier parmi les jeunes, semant le désespoir dans son sillage. C'est chaud, dirons-nous ! Par ailleurs et alors que l'eau, élément essentiel à la vie, devient une ressource de plus en plus rare, la menace du stress hydrique commence à hanter les esprits. Les oasis autrefois luxuriantes s'assèchent, les rivières s'amoindrissent et les réservoirs s'épuisent. L'espoir semble s'effriter et la confiance du public diminue à une vitesse alarmante. Et malgré ces indicateurs alarmants, une inertie apparente semble prévaloir. Gouvernance effective, où es-tu ? Où sont les stratégies adaptées à ces réalités? Paradoxalement, Sa Majesté le Roi ne cesse de souligner l'importance de la question sociale qu'il a, dès le premier jour de son règne, placée au cœur de son agenda, soulignant à plusieurs reprises la nécessité de prioriser le bien-être des citoyens. Cependant, la mise en pratique de cette vision semble se heurter à des obstacles. La gouvernance semble avoir dévié, laissant un fossé grandissant entre l'intention royale et l'exécution gouvernementale. LIRE AUSSI : Le voyeurisme sociétal au Maroc : Quand l'inaction devient la norme Bien sûr les initiatives visant à promouvoir le tourisme, à renforcer les infrastructures et à favoriser l'investissement ont porté leurs fruits. Bien évidemment, la diversification économique a également été une priorité, réduisant la dépendance à l'égard de secteurs traditionnels. Mais que de promesses clés semblent s'être perdues en cours de route! Rappelons que le mantra du gouvernement était la réforme – une transformation profonde et significative des structures socio-économiques du pays. Néanmoins force est de constater que le gouvernement, entrant dans sa troisième année, peine à matérialiser ses compétences en actions tangibles. Malgré la promesse d'une meilleure gestion des affaires publiques, le manque de transversalité, de vision à long terme et de stratégies adaptatives entrave les progrès. Faut-il rappeler que l'une des principales promesses était de réduire les inégalités croissantes ? Mais malgré les efforts, le fossé entre les riches et les pauvres semble s'être creusé davantage, la classe moyenne étant particulièrement touchée. Et dire qu'Aziz Akhannouch avait promis une refonte majeure du système fiscal, une initiative visant à équilibrer la charge et à encourager l'investissement. Cependant, la classe moyenne a continué à ressentir le poids de la fiscalité, tandis que les réformes bénéficiant aux entreprises et aux plus riches semblaient s'accélérer. D'autant plus que la communication, essentielle en ces temps troublés, semble être le talon d'Achille de l'Exécutif actuel. Pourtant, les récits, les perceptions et la confiance publique sont façonnés par la manière dont les informations sont partagées. Les citoyens ont besoin de clarté, d'actions concrètes, de réformes rapides. Mais le sentiment prédominant est celui d'une navigation à vue et l'absence de communication efficace aggrave le sentiment d'éloignement entre le peuple et ceux qui sont censés le servir. Ainsi, des réformes tant attendues semblent être enlisées dans la bureaucratie, avec peu de visibilité sur leur progression. Cette opacité contribue à un sentiment croissant de méfiance et d'incertitude qui fait que la société est en proie à divers maux, et l'absence d'une feuille de route claire pour combattre ces problèmes est palpable. On oublie presque que les citoyens marocains méritent de savoir ce qui se passe derrière les portes closes des hémicycles gouvernementaux. D'où l'appel à une transparence accrue et à la promotion d'un registre social unifié pour soutenir les plus démunis n'a jamais été aussi pressant. Entre espoirs évaporés et disparités grandissantes Or à voir le chef de gouvernement défendre son bilan mordicus, lors du Conseil national de son parti, qualifiant le bilan d'étape de son mandat d' »honorable », une question se pose : Vivons-nous dans la même réalité? Les citoyens sont écrasés sous le poids des coûts de la vie croissants, et de nombreux Marocains se sentent abandonnés à leur sort. Et c'est précisément dans ces moments de défis immenses que le Maroc a le plus besoin d'un leadership gouvernemental visionnaire, capable de redonner espoir et de tracer une voie claire vers l'avenir. Disons-le, le Maroc, riche de sa culture, de son histoire et de ses ressources, mérite un gouvernement qui peut répondre efficacement aux aspirations de son peuple sachant que le Royaume est confronté à un défi titanesque à savoir les inégalités sociales qui constitue une menace à la cohésion sociale et à la stabilité du pays. Et dire que lorsque le gouvernement Akhannouch est arrivé au pouvoir, l'espoir était que ce serait le tournant décisif, que ce serait le moment où le Maroc commencerait à réduire ce fossé de manière significative. Trêve d'illusion : ce fossé s'est non seulement maintenu, mais il s'est même creusé davantage. Il faut dire que malgré les intentions affichées, les politiques gouvernementales n'ont pas toujours été en faveur des plus démunis. Des programmes de soutien mal conçus ou insuffisamment financés, des réformes fiscales qui n'ont pas suffisamment protégé la classe moyenne, et un manque d'investissements dans l'éducation et la santé ont tous contribué à creuser le fossé. Ajoutons à cela que la crise qui s'est abattue sur le Maroc, exacerbée par la pandémie mondiale du COVID-19, a mis en lumière et intensifié les disparités existantes. Les plus vulnérables ont été les plus touchés, perdant leurs moyens de subsistance, tandis que les riches sont parvenus à protéger, voire à augmenter, leur richesse. De fait, les inégalités sociales ne sont pas un problème qui peut être résolu par des solutions à court terme ou par des réactions impulsives. Il nécessite une vision à long terme, des investissements stratégiques et une volonté politique solide. Malheureusement, cela semble faire défaut. Et pour revenir à la confiance, il faut dire que c'est un élément fragile. Une fois érodée, elle est difficile à restaurer. Dans ce sens, le gouvernement doit reconnaître l'ampleur des défis, faire preuve d'humilité et travailler de manière acharnée pour reconstruire cette confiance. Les solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique, une transparence et un engagement sans faille. Aussi le Maroc a-t-il besoin de renouveau, d'un choc de confiance pour redonner espoir aux citoyens qui n'attendent plus rien des responsables mais s'adressent directement au Souverain dans des appels sur les réseaux sociaux. N'oublions pas que le Maroc se trouve, aujourd'hui, à un carrefour crucial. D'une part, il a le potentiel, les ressources et la jeunesse pour être un leader régional, voire mondial, dans de nombreux domaines. D'autre part, les inégalités croissantes menacent de saper ces avantages, créant des tensions sociales et une méfiance envers les institutions. Pour réellement relever ce défi, le Maroc doit reconnaître que les inégalités sociales ne sont pas simplement un symptôme, mais un problème fondamental. Cela nécessite une refonte complète de la manière dont le pays aborde son développement, avec un accent sur l'inclusion, la justice sociale et la durabilité dont parle Sa Majesté le Roi dans la majorité de ses discours. Seulement, le gouvernement Akhannouch, malgré ses promesses, a montré qu'il ne suffit pas de reconnaître un problème. Il faut également avoir le courage, la volonté et la vision pour le résoudre. Alors que l'été tire à sa fin, la question demeure : Ce gouvernement, face à tant d'enjeux, peut-il réellement se réinventer et surprendre positivement en répondant aux aspirations du peuple marocain ? Le peuple marocain attend avec espoir, mais aussi avec une patience qui s'amenuise. Seule l'action concrète, et non les promesses, déterminera la réponse. Toutefois une chose est sûre : la demande de changement est urgente, et le pays attend des actions concrètes. Il est temps de réduire cet écart entre les réalités des vacances de Marbella et les défis quotidiens du pays.