La réforme des retraites continue toujours d'exacerber les tensions entre le gouvernement et les syndicats. Âge légal, pénibilité du travail, revalorisation des pensions...Autant de facteurs qui sèment la discorde. Les syndicats rejettent catégoriquement un projet de réforme qui serait « destructeur et néfaste » pour les salariés, fonctionnaires et retraités. La réforme du système des retraites s'avère être l'une des réformes les plus sensibles du quinquennat du gouvernement d'Aziz Akhannouch. En effet, le dossier de la réforme bute toujours sur l'opposition des syndicats aux scénarios mis sur la table par l'exécutif. Des scénarios qui se proposent d'apporter des solutions susceptibles de faire éviter la faillite des caisses de retraite. C'est d'ailleurs ce qu'indique le gouvernement qui souligne, à cet égard, que le régime des pensions civiles finira par épuiser ses réserves estimés à 68 milliards de dirhams d'ici 2028. Dans ce sens, l'exécutif a créé une commission spéciale, présidée par Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances, où sont représentés les syndicats, les partenaires sociaux, les dirigeants des Caisses de retraite ainsi que les ministres concernés par le dossier. L'objectif étant de mener à bien cette réforme sensible, s'inscrivant dans le cadre des politiques « de sauvetage des Caisses de retraites », qui aspire à harmoniser les cotisations dans le public et le privé qui restent très différentes. Sachant que les salariés du privé cotisent à hauteur de 11,89% tandis que pour les fonctionnaires, les cotisations atteignent environ 28%. Dans ce sens, la ministre de l'Economie et des Finances s'est donnée six mois pour que le compromis soit « scellé ». Toutefois, les syndicats ne semblent pas être convaincus du bien-fondé de la réforme. En effet, ces derniers rejettent catégoriquement le projet proposé par le gouvernement qui vise à réformer complètement le système des retraites. Et ce, en relevant l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, tous secteurs confondus. Sachant qu'il est désormais fixé à 63 ans dans le public et 60 ans dans le privé. Chose qui constituerait, selon les syndicats, un lourd fardeau notamment pour les salariés exerçant des métiers jugés « pénibles ». C'est d'ailleurs ce qu'a précisé le patron de l'UGTM, Naâm Myara, lors d'une journée d'étude organisée à Oujda en décembre, signalant qu'il est « difficile qu'un enseignant ou un infirmier travaille aussi longtemps". Dans ce sens, le syndicat plaide pour l'âge de 63 ans tout en proposant que le départ à 65 ans soit une option facultative et non une obligation généralisée. Ils mettent également l'accent sur l'importance et la nécessité de promouvoir les conditions de travail avant de penser à repousser l'âge du départ à la retraite. Soulignant que ladite réforme est intrinsèquement liée à celle du code de travail dans la mesure où les conditions dans lesquelles les salariés exercent leurs métiers ne peuvent s'améliorer sans une révision globale du code du travail qui permettra de déceler les défaillances existantes et d'y remédier. Des dispositifs pénalisants pour les salariés L'augmentation de l'âge de la retraite ne semble pas être la seule question qui sème la discorde et accentue les tensions entre les forces syndicales et le gouvernement. Deux autres dispositifs en sont également responsables, à savoir l'augmentation des cotisations salariales et la baisse des prestations de retraites. En effet, le gouvernement propose de relever l'âge de départ à la retraite à 65 ans avec une hausse des cotisations et un gel des revalorisations des pensions pendant dix ans. Des mesures qui seraient, selon les syndicats, « destructrices » et ne feront qu'appauvrir davantage les salariés, fonctionnaires et retraités. De son coté, l'Exécutif argue de la politique sociale qu'il mène actuellement avec notamment la hausse du SMIG et la généralisation de la couverture sociale. Des mesures qui seraient susceptibles de soutenir le pouvoir d'achat. Certes, le dossier de la réforme des retraites se révèle être délicat. Toutefois, une réforme aussi importance nécessite l'instauration d'un véritable dialogue fondé sur la transparence.